La Fable du favori dans la littérature française du premier XVIIe siècle
Auteur / Autrice : | Delphine Amstutz |
Direction : | Patrick Dandrey |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance le 16/10/2013 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CELLF 17e-18e (1967-2013) |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Ronzeaud |
Examinateurs / Examinatrices : Patrick Dandrey, Bernard Beugnot, Jean-François Dubost, Gérard Ferreyrolles, Thomas G. Pavel |
Mots clés
Résumé
I L’objet de cette thèse est de montrer les caractéristiques de la représentation du favori royal dans la littérature française du premier XVIIe siècle. Alors que le mot « favori » entre dans la langue française dès le début du XVIe siècle, il faut attendre le début du siècle suivant pour que le favori devienne une notion politique opératoire et un personnage littéraire topique. Nous nous proposons donc d’analyser, selon une méthode nominaliste et pragmatique, la « fable du favori » à l’âge baroque c’est-à-dire l’ensemble des discours afférents au favori entre 1610 à1664. Cette étude comprend deux versants : archéologique et poétique. Il s’agit d’abord de dégager la généalogie du favori en le confrontant à d’autres types de personnels politiques mieux attestés par la tradition historique et philosophique (le conseiller, le secrétaire, le flatteur, le mignon de cour notamment), puis d’explorer l’imaginaire politique ambivalent de la faveur avant d’examiner les différentes théories politiques qui, à l’âge baroque, utilisent la notion de favori comme pierre de touche. Nous parcourons ensuite, selon un continuum chronologique, les différents genres littéraires que le favori conquiert à mesure que s’écoulent les premières décennies du XVIIe siècle, pour montrer comment les contraintes poétiques propres à chaque genre modèlent le visage du favori. En prolongeant une hypothèse émise par Curtis Perry dans Literature and Favoritism in Early Modern England, nous avancerons que la « fable du favori » aura fourni aux contemporains de Louis XIII un langage commun pour traiter certaines « difficult but inevitable [questions] », pour explorer certaines « gray area[s] in the culture ». Ces questions ne relèvent cependant pas uniquement de la sphère politique. La fable du favori se déploie certes dans ces « années cardinales » où la pensée étatiste triomphe et bouleverse les références de la théorie ou de la pratique politiques, mais elle manifeste avant tout, sous une forme métaphorique et dramatisée, une interrogation sourde et obstinée sur les conditions et les limites de l’agir humain ; elle traduit un souci de comprendre l’individu aux prises avec le monde, la société et l’histoire. Comme parvenu, le favori manifeste la toute-puissance de l’action individuelle mue par la volonté et guidée par la réflexion. Cependant, la trajectoire personnelle du favori semble s’inscrire dans une destinée déterminée, qui trahit l’emprise inexpugnable de la Fortune sur les ambitions humaines. Figure bifrons, le favori incarne donc une allégorie de la prudence. La fable du favori interroge ainsi la pertinence et la relativité de valeurs fondamentales : le mérite personnel et la vertu, la faveur et la valeur. Elle implique une réflexion anthropologique et éthique puisqu’elle sonde les passions politiques, redessine les espaces de l’intimité, les formes de l’affectivité et les contours de l’identité personnelle à une époque où la distinction entre les sphères publique et privée n’est pas acquise. La fable du favori innerve enfin la réflexion historiographique sur « l’absolutisme » et sous-tend la construction du premier champ littéraire : au terme de sa carrière politique, le favori devient, sous l’égide de Mécène, une figure tutélaire de la culture galante. nsérer ici votre résumé en français