De la coupure à la cicatrice, répétition, nomination et sinthome : Lecture de l'oeuvre d'Emma Santos
Auteur / Autrice : | Elsa Polverel |
Direction : | Mireille Calle-Gruber |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littératures française et francophone |
Date : | Soutenance le 17/10/2013 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littérature française et comparée (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche Écritures de la modernité (littérature et sciences humaines) (Paris) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Mireille Calle-Gruber, Monique David-Ménard, Béatrice Didier, Patrick Guyomard, Marie-Christine Lala, Geneviève Morel |
Mots clés
Résumé
Cette thèse a pour objet l’œuvre d’Emma Santos (1943-1983), écrivaine française qui a écrit huit livres au cours de la décennie 1970. L’étude tente de saisir, à partir de son écriture, la notion de « sinthome » élaborée par Jacques Lacan. Aujourd’hui l’œuvre d’Emma Santos, peu lue et encore moins étudiée, reste très liée au contexte de l’éclosion des féminismes et du mouvement antipsychiatrique, et est souvent lue comme un témoignage de femme confrontée à l’expérience de l’enfermement, et de la « folie ». Si nous avons pris en compte l’empreinte de ce contexte dans les ouvrages santosiens, nous avons surtout voulu montrer combien son écriture agit comme un espace vital, au sein duquel peut se mettre en place un travail de cicatrisation d’une blessure physique et psychique. L’un des thèmes récurrents dans les livres est l’accident de voiture qu’elle subit enfant, au cours duquel sa gorge est entaillée : nous suggérons que son écriture agit comme un espace psychique d’accueil de la souffrance, et de cette marque sur le corps. Les problématiques autour desquelles s’articulent notre travail se résument ainsi : comment l’écriture rend-elle possible cette cicatrisation ? En considérant le processus d’écriture que nous avons synthétisé sous le nom de montage, nous pouvons mettre en évidence différents dispositifs récurrents, comme l’autocitation, la réécriture, la répétition. Que peuvent-ils nous révéler et nous apprendre sur la « folie », sur ses assignations, et sur la langue ? L’intuition motrice de cette étude est que la pratique singulière de l’écriture de l’écrivaine lui permet d’appréhender la coupure et ses effets symptomatiques qui la coupent du monde, comme un « sinthome » qui la relie au monde. Or ce concept, analysé à travers le texte santosien, ouvre la voie à une nouvelle appréhension de la langue et de sa loi, et permet de repenser la distinction névrose / psychose ainsi que la différence sexuelle.