Le jeu du clown dans la Colombie contemporaine : la renaissance du clown, un acteur social et politique et le rire du spectateur de résistance et de liberté
Auteur / Autrice : | Ana Milena Velasquez Angel |
Direction : | Christine Hamon-Siréjols |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études théâtrales |
Date : | Soutenance le 11/01/2013 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts et médias (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherches en études théâtrales (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Goudard |
Examinateurs / Examinatrices : Christine Hamon-Siréjols, Philippe Goudard, Jean-Louis Besson, Jean-Bernard Bonange, Stephen Launay |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Le jeu du clown dans la Colombie contemporaine est en voie de développement. Bien que la figure du clown n’ait jamais cessé d’exister dans la société, quelles que fussent ses formes à travers l’histoire, on assiste à la renaissance de l’art du clown dans notre pays depuis ces dix dernières années. L’art du clown devient une possibilité de revalorisation du langage comique et poétique de l’artiste dans la société colombienne actuelle, conférant à l’acteur clown un rôle social et politique et permettant au spectateur de vivre une forme de résistance et de libération de sa réalité quotidienne violente.La mise en perspective historique du cirque comme langage artistique moderne permet de comprendre comment le clown va se constituer et se développer tout au long des XIXe et XXe siècles jusqu’à devenir un art autonome avec son incursion dans le théâtre et les écoles de formation théâtrale. Cette démarche vise à donner les fondements théoriques de la naissance et de l’évolution du cirque et du clown dans le cirque depuis l’époque de l’Amérique préhispanique jusqu’à la Colombie contemporaine. La perspective historique remarque que, bien avant l’arrivée des clowns dans les cirques modernes après le XVIIIe siècle, on peut constater l’existence de personnages comiques et clownesques dans la culture précolombienne et pendant la période de la colonisation. L’histoire des fêtes populaires de l’Amérique latine, les personnages itinérants et comiques vont se développer parallèlement aux formes spectaculaires religieuses de l’idéologie espagnole. Les cirques européens et américains arriveront dans une atmosphère de résistance et, plus tard, d’indépendance et commencera à s’écrire l’histoire du cirque en Amérique latine.Le modèle économique latino-américain, la récente industrie culturelle et le manque d’écoles de formation du cirque marqueront l’évolution du cirque comme institution sociale, cherchant à travers la discipline et ses techniques à former des jeunes et enfants en situation de violence. D’autre part, le théâtre subira des divisions entre la tradition et l’apparition d’idéologies modernes sur la formation de l’acteur jusqu’à la consolidation de la méthode artistique de création collective. Le clown du cirque traditionnel deviendra une sorte de stéréotype avec les duos clownesques à la télévision, les clowns dans la rue, les restaurants, et les mendiants habillés en clowns. Cette étude aborde les éléments sémiotiques de la figure des nouveaux clowns en tant qu’art autonome impulsé par la pédagogie du français Jacques Lecoq diffusée dans le monde entier, avec une incidence importante en Amérique latine, où elle rencontre la création collective basée sur l’improvisation. Cette pédagogie arrive à travers les festivals internationaux du théâtre où artistes et public accèdent au panorama de l’art du clown dans le monde, au travers de stages et de spectacles. Rénovant ainsi le phénomène de marginalisation du clown par un changement de statut artistique et social. La pratique enracinée de la création collective, letravail du collectif et l’implication du théâtre dans les transformations sociales et politiques du pays, rencontre le langage des nouveaux clowns, pour donner forme à des créations clownesques collectives tout à fait solides et originales. Nous nous concentrons sur la fonction qu’exercent les clowns contemporains au présent de la société colombienne résultant d’une vaste période de crises marquée par des affrontements et des vagues successives de violence. L’humour comme trait particulier de la culture devenant une forme incontestable d’affronter une réalité douloureuse rencontre le clown que par le rire permettra de récupérer la valeur sacrée du chaman, bobo, bouffons et fous de l’histoire. Ainsi nous reconnaissons l’incursion du langage du clown sur plusieurs terrains (l’hôpital, l’humanitaire et le social) pour admettre que le spectateur vive une forme de libération par la communication établie avec le clown dans le rire.