Thèse soutenue

La vidéo comme pratique artistique, entre reproduction mécanisée et renouveau auratique : le cas du "vigging"
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Auteur / Autrice : Houssem Boukef Jelassi
Direction : Éliane Chiron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts. Arts plastiques. Musicologie
Date : Soutenance le 25/03/2013
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts plastiques, esthétique et sciences de l'art (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Institut d'esthétique des arts et technologies (Paris ; 1989-2012)
Jury : Président / Présidente : Edmond Couchot
Examinateurs / Examinatrices : Edmond Couchot

Résumé

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Cette thèse se propose d'étudier une pratique vidéographique née à la fin du XXe siècle et appelée "vigging". Cette pratique consiste en un mixage de fragments vidéo, passés en boucle, pour traduire en images les sons joués par des musiciens lors de concerts de musique électronique: une performance vidéographique réalisée en temps réel. Avec l'avènement des nouvelles technologies au début du siècle, spécifiquement le cinéma et la photographie, Walter Benjamin avance que la reproductibilité technique induite par cette évolution a contribué à la perte de l'unicité de l'œuvre, sa sacralité et sa rareté d'accès. La théorie de Benjamin consiste à dire que l'apparition de la reproduction mécanisée a donné naissance à l'existence en série de l'œuvre d'art, à sa démocratisation et a abouti par là même à sa perte de l'aura. Cette perte désignerait pour lui la désacralisation et la décadence de l'art à travers la dégradation des valeurs traditionnelles. L'hypothèse avancée dans cette thèse remettrait en question ce constat. A travers l'analyse du processus créateur d'une performance de "vigging", on a essayé de voir en quoi cette forme d'art n'est pas totalement dépourvue d'aura. A travers l'étude de cette pratique, on a tenté de déceler comment la reproductibilité technique n'a-t-elle pas nécessairement contribué à la désacralisation et à la décadence de l'art. En effet, le caractère potentiellement unique de la pratique du vigging en tant que performance éphémère, le passage historique de l'esthétisation de l'art à la démocratisation et la politisation de la culture et le glissement de la nature de la reproduction du mécanique au numérique seraient autant d'éléments qui nous amèneraient à penser un hypothétique renouveau auratique. Le corps de ce texte est une mise à l'épreuve de la question de l'aura Benjaminienne à partir de l'étude de la pratique du vigging. Il s'agit d'une relecture de la définition de l'aura et de sa mise en confrontation, non plus avec le cinéma et la photographie, mais avec le mixage vidéo en temps réel. S'inscrivant dans la poïétique, cette analyse décrit l'instauration et le déploiement des opérations créatrices nécessaires à la réalisation d'une performance de vigging. Cette thèse est essentiellement constituée de quatre parties. La première tourne autour de la constitution d'une bibliothèque d'images. Celle-ci, ensemble de vidéos de courte durée, représente la matière essentielle utilisée pour le mixage vidéo. Elle est constituée de fragments vidéo recyclés ou bien de créations originales. La deuxième partie représente une analyse de l'installation technique et s'arrête sur les outils numériques utilisés pour réaliser la performance. Elle revient sur l'ordinateur comme instrument mais aussi sur les logiciels ou encore les outils électro-numériques externes utilisés...