''Parergon'' : une herméneutique documentaire dans l'art contemporain : le cas du Land Art
Auteur / Autrice : | Benjamin Riado |
Direction : | Dominique Chateau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Arts et sciences de l'art. Esthétique |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Résumé
L'objet de ce travail est la façon dont se pensent les œuvres qui, à l'image des sculptures de l'art contemporain ou du Land Art, ne se suffisent pas à elles-mêmes mais réclament des enregistrements ou d'autres documents venant les compléter. Quoique tangibles, ces œuvres restent en effet difficiles à exposer, parce qu'elles sont solidaires d'un lieu reculé auquel on ne peut les soustraire, parfois éphémères ; les documents qui les accompagnent permettent alors de rendre compte de leur forme auprès de l'institution. Nous appelons du mot grec « parergon » (« accessoire ») le document par lequel l'oeuvre apparaît sous la forme d'un enregistrement qui engage le spectateur sur la voie de la réception esthétique. Le paradoxe est alors que ce qui permet cette expérience esthétique n'est pas l'oeuvre elle-même mais bien un élément hors d'oeuvre. Pour justifier l'application de ce terme antique à une situation contemporaine, ce travail s'est d'abord attaché à ses usages anciens afin de mettre en évidence que le « parergon » ne se rencontre que dans des cas de malentendu entre ce qui est essentiel et accessoire sans un œuvre d'art – la méprise dans ce cas ne peut être dissipée que par l'interprétation. Philosophiquement, ce problème est ressaisi par la question des limites de l'oeuvre d'art : où commence et finit une oeuvre qui se présente sous plusieurs formes ? L'étude montre que c'est au prix d'un travail de déconstruction de la présence immédiate de l'oeuvre dans les musées que se sont engagées les pratiques Land Art. Cependant la photographie n'est pas seulement le prolongement de la sculpture dans l'institution : c'est aussi un mode d'apparaître de l'oeuvre qui réduit parfois celle-ci à être un lieu reconnu par l'artiste comme digne d'être artificiellement exposé. L'analyse d'exemples précis permet finalement de montrer que le « parergon » ne consiste pas seulement dans la photographie d'oeuvres sculpturales, mais est aussi une façon documentaire de faire œuvre photographique.