Thèse soutenue

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Auteur / Autrice : Rym Ghaddab Zroud
Direction : Barbara DemeneixMarie-Stéphanie Clerget-Froidevaux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie cellulaire et moléculaire, mention physiologie
Date : Soutenance en 2013
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris)
Jury : Président / Présidente : Pascale Debey
Examinateurs / Examinatrices : Mohammed Taouis
Rapporteurs / Rapporteuses : Karine Gauthier, Franck Delaunay

Résumé

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L’incidence des maladies métaboliques et des maladies neuro-dégénératives ne cesse d’augmenter dans nos sociétés occidentales, ce qui représente un véritable problème de santé publique et engendre des coûts très élevés. Il s’avère donc crucial de mieux comprendre les mécanismes physiologiques de régulation du métabolisme, en particulier au niveau central, afin de pouvoir potentiellement intervenir pour éviter les dérèglements à l’origine de ces maladies. Plusieurs facteurs de transcription, en particulier ceux des familles des récepteurs nucléaires (RN) majoritairement impliqués dans le métabolisme des lipides comme LXRs (Liver X Receptors), semblent être cruciaux dans les voies de signalisation mises en cause dans ces maladies. Ces récepteurs sont impliqués dans les régulations du métabolisme énergétique en périphérie en exerçant un contrôle sur l’expression d’un grand nombre de gènes métaboliques. Un deuxième type de RN, les récepteurs aux hormones thyroïdiennes (TRs), joue un rôle prépondérant dans le contrôle du métabolisme énergétique en périphérie. En effet, les hormones thyroïdiennes (HT) sont connues pour réguler du point de vue transcriptionnel toutes les étapes du métabolisme du cholestérol. De plus, ces deux types de RN interagissent entre eux en périphérie dans le cadre de la régulation du métabolisme lipidique. Or, le métabolisme périphérique est régulé au niveau de l’hypothalamus, reconnu comme étant le centre intégrateur des régulations du métabolisme. Partant du fait que TR et LXR sont exprimés dans l’hypothalamus, qu’ils partagent le même partenaire d’hétérodimérisation RXR, et que leurs éléments de réponse sont très semblables, nous avons posé l’hypothèse que des interactions entre ces deux facteurs de transcription peuvent se mettre en place afin de coréguler des gènes et des voies de signalisation impliqués dans la régulation centrale du métabolisme, et en particulier, dans l’intégration des signaux en provenance de la périphérie qui renseignent sur l’état des réserves énergétiques. Par transfert de gènes in vivo dans l’hypothalamus de nouveau-nés de souris (NN), nous avons pu montrer que l’activation de LXR par son agoniste synthétique GW3965 réprime l’activité transcriptionnelle des promoteurs de Trh et Mc4r, deux gènes cruciaux dans le contrôle central du métabolisme. Cette répression est observée uniquement chez les NN euthyroïdiens et pas chez les hypothyroïdiens. Nous avons donc exploré l’importance du statut thyroïdien dans le dialogue TR/LXR. Le rétablissement du statut thyroïdien restaure la répression transcriptionnelle de Trh par le ligand de LXR mais pas celle de Mc4r. Le mécanisme de cette régulation de Trh par LXR a été exploré par immunoprécipitation de chromatine (ChIP). Nous avons pu ainsi montrer que LXR est recruté sur la région du promoteur de Trh en présence de T3. Nos résultats suggèrent que la voie de signalisation LXR pourrait être impliquée dans le rôle joué par la voie des HT et de la mélanocortine dans le contrôle central du métabolisme. De plus, nous avons complété ces résultats par l’étude de la régulation par la T3 de l’expression de certains gènes cibles de LXR dans l’hypothalamus ce qui confirme la possibilité d’une interaction centrale entre les HT et la voie LXR. Nous avons comparé par RNAseq le transcriptome de noyaux paraventriculaires (PVN) de souris traitées ICV ou non avec la T3, ainsi que celui de PVN de souris LXRα,ß-/- et sauvages, afin d’identifier des réseaux de gènes régulés par LXR ou TR potentiellement impliqués dans le contrôle central du métabolisme. Les résultats sont en phase d’analyse. Ainsi, la compréhension des dialogues existant entre les RN impliqués dans le métabolisme énergétique et l'identification de leurs gènes cibles augmenteront notre connaissance des mécanismes moléculaires à la base du contrôle de la balance énergétique et ouvriront des perspectives pour l’identification de potentielles molécules cibles de médicaments anti-obésité. Ce travail a également comporté un axe secondaire, dans lequel nous avons orienté nos recherches vers l’étude des effets de l’hypothyroïdisme périnatal sur l’expression des acteurs majeurs dans la signalisation thyroïdienne au niveau central. Nous avons comparé les expressions de ces gènes dans deux régions différentes du cerveau (région hypothalamique et région périventriculaire ZV) en fonction du statut thyroïdien. L’expression des TRs est beaucoup plus faible dans la ZV des NN hypothyroïdiens que chez les euthyroïdiens alors que l’hypothyroïdisme n’affecte que faiblement les niveaux des TRs dans la région hypothalamique. L’expression de la désiodase de type II (Dio2) est plus importante dans la ZV alors que celle de Dio3 est plus importante dans la région hypothalamique, et les expressions des transporteurs MCT8 et OATP1C1 sont semblables dans les deux régions. La capacité de ces zones à répondre à la T3 exogène a été étudiée et nous avons montré que la ZV est plus affectée par l'hypothyroïdisme que la région hypothalamique. Nous avons complété ces résultats par des études de gènes rapporteurs in vivo. Nos résultats ont démontré que les régulations transcriptionnelles induites par la T3 ne peuvent être totalement efficaces dans un environnement hypothyroïdien, du fait de l’impact même de l’hypothyroïdie sur les effecteurs de la signalisation thyroïdienne. Ainsi, au niveau physiologique, nos travaux ont pu mettre en avant l’importance du statut thyroïdien dans la régulation de l’expression de gènes, que ce soit en agissant sur les principaux acteurs de la signalisation thyroïdienne et de la disponibilité en ligand dans le cerveau, ou lors de la régulation transcriptionnelle de Trh et Mc4r par la voie de signalisation de LXR dans une région du cerveau essentielle à l’homéostasie métabolique : les PVNs de l’hypothalamus.