Thèse soutenue

Édition critique de la correspondance de Jacob Spon (1647-1685)

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Auteur / Autrice : Yves Moreau
Direction : Yves Krumenacker
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire des religions
Date : Soutenance le 02/07/2013
Etablissement(s) : Lyon 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Antony McKenna
Examinateurs / Examinatrices : François Planet
Rapporteur / Rapporteuse : Hubert Bost, Pierre-Yves Beaurepaire

Résumé

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Notre thèse de doctorat porte sur la correspondance du médecin et antiquaire protestant Jacob Spon. Elle a pour objet de rassembler l’ensemble de ses lettres, afin de réaliser une édition critique. La correspondance de Spon s’inscrit dans l’immense réseau européen que forme la République des Lettres, qui, à l’époque classique, échangeait savoirs, idées, découvertes et services par le biais d’un intense échange épistolaire. Le savoir est un enjeu ; des stratégies résiliaires s’élaborent, au moment où L’Europe initie une critique radicale de l’héritage intellectuel hérité de l’Antiquité et de la tradition chrétienne. Les correspondances sont les vecteurs de l’échange des connaissances entre acteurs individuels ou collectifs.Chronologiquement, la correspondance de Jacob Spon s’étend sur environ vingt ans, de son départ de Lyon pour se former à la médecine, dans les années 1665-1667 à son brusque exil pour le Refuge en 1685 après la révocation de l’Édit de Nantes. Les correspondants résident dans la plupart des grands centres intellectuels de l’Europe occidentale, parmi lesquels Paris, Londres, Rotterdam, Leipzig, Francfort, Genève, Florence, Milan… Les plis du savant protestant, à l’exception de quelques-uns, sont tous rédigés à Lyon. À ce jour, nous avons recensé 425 lettres : 290 lettres reçues par Spon, et 135 envoyées à ses correspondants européens.Nous avons dégagé cinq thèmes principaux présents dans la correspondance du médecin Lyonnais.-Les réseaux et les milieux sociaux fréquentés par Jacob Spon. Le réseau familial constitue le premier cercle de sociabilité et permet d’entrer en relation avec d’autres réseaux plus étendus liés aux affinités intellectuelles, et principalement sur l’héritage antique gréco-romaine sous tous ses aspects : philosophie, religion histoire, artefacts, vestiges... Son rôle de médiateur culturel au sein de la République des Lettres apparaît en filigrane-La sensibilité religieuse. Plus qu’une pratique, la foi définit une partie de l’identité de l’érudit huguenot. Elle est aussi un discours qui se fonde sur deux arguments : le premier est celui de la liberté de conscience ; le second, plus original, tente de justifier la supériorité de l’Eglise Réformée par son ancienneté, en se basant sur l’épigraphie et la numismatique et peu par les textes. Il convient de replacer cette originalité dans le contexte de controverse religieuse qui agite la France du XVIIe siècle.D’autre part, l’articulation religion-antiquarisme a contribué semble-t-il à une approche de l’art différente des conceptions calvinistes traditionnelles.-La tolérance religieuse. Contrairement à l’idéalisation d’une République des Lettres faisant peu de cas de l’appartenance confessionnelle, nous souhaitons éprouver la notion de tolérance religieuse, que nous remettons en question, en nous appuyant sur le cas de Spon, qui souffrit de sa foi réformée dans la France précédant la révocation de l’édit de Nantes et affirma avec force son adhésion à la foi de Calvin.-La production et la diffusion de savoirs. L’érudit lyonnais est un des précurseurs de la démarche scientifique moderne. Il innova dans les domaines de sa compétence, servi par un regard aiguisé et une formation d’honnête homme. Il importe ici de saisir les mécanismes de production savante, et leur diffusion à l’ensemble des curieux par la voie des réseaux épistolaires.-La distinction entre sphère publique et sphère privée. Spon différencie dans sa correspondance ce qui relève de son for intérieur et ce qui concerne sa position d’homme public, c’est-à-dire son for extérieur. Paradoxalement, cette séparation est loin d’être claire dans ses papiers. L’étude de ces axes nous permet de clarifier comment les savoirs savants s’élaborent et se diffusent, mais aussi de replacer la place de la religion, au sein de la République des Lettres dans les stratégies de communication savante à partir du cas particulier de la correspondance de Jacob Spon.