La question ethnique dans la formation des alliances interétatiques lors des conflits armés en République Démocratique du Congo et dans les Grands Lacs Africains (1994-2006)
Auteur / Autrice : | Gérard Eddie Guipié |
Direction : | Jean-Paul Joubert |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 14/06/2013 |
Etablissement(s) : | Lyon 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de droit (Lyon) |
Jury : | Président / Présidente : Jacques Viret |
Examinateurs / Examinatrices : Jacques Viret | |
Rapporteur / Rapporteuse : Kocra Lossina Assoua, Comi-Molevo Toulabor |
Mots clés
Résumé
Il ne nous appartient pas dans cette étude de traiter des seuls problèmes occasionnés par l’exportation coercitive du modèle politique occidental en Afrique, la question a déjà fait l’objet de remarquables travaux. Il convient cependant de souligner que force est de constater le manque d’études concernant l’ethnie en tant qu’ontologie intrinsèque en relations internationales et en polémologie en particulier. Dans le cadre de notre étude, il s’agit d’une part de mettre en évidence l’aspect central et fondamental de la manipulation multiforme du concept d’ethnie dans la survenance de certains conflits post 2nde Guerre Mondiale. En effet, outre les deux bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945, les puissances nucléaires se sont livrées à un jeu macabre de chantage stratégique sans pour autant faire usage de l’arme prétorienne et ultime qu’est le feu nucléaire, reléguant les études concernant le phénomène nucléaire à de vaines spéculations sur l’emploi d’une arme devenue de fait obsolescente. Il va sans dire qu’eut égard aux nombreuses victimes civiles et militaires, directes et indirectes des conflits que nous décrivons et que nous analysons en l’espèce dans le cadre de cette étude ; l’ethnie qui est maintes fois convoquée, galvaudée joue un rôle non négligeable dans ces conflits. A cet effet les conflits étudiés en l’espèce appartiennent à la catégorie des conflits identitaires. La multiplicité des conflits à caractère ethnique en Afrique noire et les violences indicibles qui en résultent comme au Rwanda, nous incline à penser pour schématiser prosaïquement que l’ethnie tue plus que l’atome ; autrement dit les conflits ethniques auxquels un nombre limité d’études est consacré sont beaucoup plus violents et plus meurtriers que les spécialistes ne veulent le faire croire. Ainsi marginaliser, caricaturer ou analyser sans consistance scientifique, sans profondeur épistémologique les conflits identitaires et ethniques reviendrait à les exclure progressivement du champ d’étude des relations internationales et de la polémologie. L’ethnie appert de ce fait comme une ontologie intéressant de plus en plus les relations internationales eu égard à la multiplicité des conflits ethniques et identitaires essaimant en Afrique depuis la chute du Mur de Berlin. Depuis cette période symbolique les Etats forts bâtis sur le modèle jacobin importé et cimenté par les partis et pensées uniques ont fait place à une multitude de revendications, au pluralisme politique ainsi qu’à la résurgence des identités ethniques. Dans le cas congolais, l’ethnie devient une ontologie transnationale, elle sert non plus à diviser mais à unir des alliés. L’ethnie ne devient donc plus un facteur de repli identitaire mais une source de la constitution de grands ensembles politiques transnationaux. Pour ce faire, l’histoire est mobilisée et manipulée à dessein afin de servir de ferment de légitimation.