Thèse soutenue

« Les élections que fait le peuple » : (République de Genève, vers 1680-1707) : Théorie politique et enjeux sociaux : rituels, techniques de vote et brigues électorales
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Auteur / Autrice : Raphaël Barat
Direction : Olivier Christin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 10/12/2013
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (Lyon ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Nicolas Le Roux
Examinateurs / Examinatrices : Thomas Maissen, Hugues Daussy
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Ihl

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Se pencher sur « les élections que fait le peuple » dans la République de Genève revient à se fixer un double objectif. Il s’agit d’une part d’éclairer un des points obscurs de l’historiographie genevoise pendant les quelques trente dernières années du « long sommeil » du Conseil général, avant la crise de 1707 ; d’autre part d’approfondir des questionnements plus généraux concernant l’histoire du vote et de la procédure électorale sous l’Ancien Régime à partir du terrain genevois, qui est de ce point de vue d’une richesse exceptionnelle. Ces deux approches permettront de réinterroger le concept de formalité, qui a été souvent utilisé à propos de ces élections, en faisant varier les échelles et les points de vue.Sans occuper une place centrale dans le système constitutionnel genevois ni dans l’accession aux charges, les élections populaires gardent une importance autant théorique que pratique à Genève (1ère partie, à quoi sert-il d’élire ?). Si la légitimité vient d’ailleurs, que ce soit dans la théorie gouvernementale qui conçoit le pouvoir comme le patrimoine de certaines familles, ou dans l’opposition bourgeoise en 1707, qui veut avant tout restaurer l’exercice direct de la souveraineté par le Conseil général (vote des lois, de l’impôt etc.), et n’envisage à aucun moment un système représentatif, l’élection populaire crée néanmoins un lien particulier entre certains magistrats et le peuple (Ch.1). Si les résultats sont souvent prévisibles, ils ne le sont pas totalement et des enjeux demeurent si l’on y regarde d’assez près : le jeu est plus ouvert quand un poste de syndic est vacant et, si les syndics sortants sont toujours reconduits sur notre période, il est arrivé plusieurs fois que les citoyens menacent de « faire sauter les vieux » (Ch.2). Les multiples précautions qui sont adoptées dans la manière d’élire montrent aussi que ces élections populaires demeurent importantes, d’une façon d’ailleurs différente pour le gouvernement et pour les citoyens (2ième partie, comment élire ?). Malgré l’ordre aristocratique qu’affirment les préséances, la fiction de la souveraineté théorique du peuple doit être préservée par le rituel électoral (Ch.3). Si l’organisation spatiale du vote et la technique du vote auriculaire mettent les électeurs sous pression, les citoyens s’insurgent finalement contre ce système et obtiennent le vote par billet et l’isoloir, grande nouveauté dans l’Europe d’alors (Ch.4). Certains citoyens s’impliquent enfin d’une manière quelque peu particulière dans l’élection à travers les brigues, qui sont pour les brigueurs comme pour les brigués un grand moment de sociabilité, dont nous pouvons découvrir les différents acteurs grâce aux sources exceptionnelles que constituent les dossiers d’enquête des procès pour brigue (Ch.5).