Au-delà des mots et des images, bases neurophysiologiques d'un système sémantique commun à la compréhension des phrases et des scènes visuelles
Auteur / Autrice : | Anne-Lise Jouen |
Direction : | Peter Ford Dominey, Jocelyne Ventre |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 20/12/2013 |
Etablissement(s) : | Lyon 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Cellule souche et cerveau (Bron ; 2007-....) |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Fourneret |
Examinateurs / Examinatrices : Peter Ford Dominey, Jocelyne Ventre, Chlöé Farrer | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Emmanuel Mellet, Hugues Duffau |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Certaines théories du fonctionnement cognitif postulent l'existence d'un système cérébral impliqué dans la compréhension sémantique indépendamment de la modalité d'entrée des stimuli. L'objectif de ce travail de thèse était d'étudier le fonctionnement d'un tel réseau, impliqué à la fois dans la compréhension de phrases et de scènes visuelles, en lien avec la théorie de la cognition incarnée. Dans la littérature, un ensemble d'aires frontotemporo- pariétales sensorimotrices et associatives sont décrites comme intervenant dans ces processus sémantiques, mais il existe un manque de consensus concernant la nature amodale de ce système et la plupart des travaux existants se sont concentrés sur l'identification de réseaux corticaux impliqués dans les représentations sémantiques, séparément pour l'une ou l'autre des modalités. De plus, les stimuli utilisés dans les protocoles expérimentaux sont généralement moins complexes que les situations interactives auxquelles nous sommes confrontés dans la vie de tous les jours. Une part importante de l'activité mentale humaine réside dans notre capacité à construire des représentations internes riches : ces modèles mentaux, impliqués dans une grande variété de processus cognitifs, nous permettent d'explorer certains souvenirs du passé, de planifier le futur ou encore de comprendre et de s'adapter à une situation en temps réel. Bien que les progrès des techniques d'Imagerie du Tenseur de Diffusion aient rendu possible la visualisation in vivo de fibres de matière blanche dans le cerveau humain, la connectivité du système sémantique amodal a très peu été étudiée jusque-là. Dans ce travail, nous avons utilisé différentes techniques (principalement de neuro-imagerie IRMf, DTI, EEG) pour mettre en évidence les bases neurophysiologiques d'un système sémantique commun impliqué dans la représentation et la compréhension de stimuli complexes verbaux et non-verbaux. Avec notre premier protocole combinant IRMf et DTI, nous nous sommes intéressés aux activations et à la connectivité cérébrales chez 19 sujets sains en train de lire des phrases ou d'observer des images représentant des événements quotidiens. Une analyse de l'activité cérébrale conjointe associée à la compréhension de ces deux types de stimuli a révélé un réseau fronto-temporo-pariétal commun, impliquant le gyrus frontal inférieur, le gyrus précentral, le cortex rétrosplénial, le gyrus temporal moyen avec une activité s'étendant jusqu'à la jonction temporo-pariétale (TPJ) et au lobe pariétal inférieur. La tractographie DTI a révélé une architecture spécifique de fibres de matière blanche, soutenant ce réseau sémantique et qui fait appel principalement aux faisceaux décrits comme la voie ventrale sémantique (IFOF, UF, ILF, MdLF). Notre seconde expérience (protocole comportemental) nous a permis d'étudier les différences interindividuelles dans la capacité à se représenter des phrases présentées visuellement ou auditivement. Nous avons démontré que les individus ne sont pas égaux quant à cette capacité de représentation et que ces différences se reflètent dans des marqueurs comportementaux tels que la facilité de représentation (évaluée par le COR, coefficient de représentabilité) et la vitesse de réponse (TR) ; mais aussi que ces différences interindividuelles trouvent une correspondance avec le nombre de fibres qui composent le MdLF, laissant supposer une implication de ce faisceau dans ces capacités de représentation. Les résultats de ce protocole comportemental, ainsi que ceux de notre troisième protocole en EEG, ont permis de mettre en évidence un effet contextuel particulièrement important pour la création d'une représentation dans les deux modalités : le contexte induit par la présentation d'un premier stimulus (phrase ou image) influence la représentation d'un second stimulus selon que celui-ci est sémantiquement cohérent ou non avec le premier stimulus présenté... [etc]