Thèse soutenue

Effets de xénoestrogènes sur le système immunitaire en cours de développement du bar, Dicentrarchus labrax (L. 1758)

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Auteur / Autrice : Frauke Seemann
Direction : Christophe Minier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecotoxicologie - Immunotoxicologie
Date : Soutenance en 2013
Etablissement(s) : Le Havre

Mots clés

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Résumé

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La survie de la plupart des vertébrés est hautement dépendante de leur capacité à résister aux infections. Le système immunitaire (SI) comporte des cellules compétentes et des organes assurant la protection de l’organisme contre des pathogènes. Ce système protecteur, essentiel à la survie s’est avéré être sensible à des polluants environnementaux. L’environnement aquatique représente l’un des réservoirs majeurs de la pollution anthropogénique, parmi lesquels figurent les xénoestrogènes, qui sont particulièrement abondants dans les estuaires et qui miment l’hormone naturelle, le 17β-estradiol. Partie intégrante du programme de recherche européen INTERREG IV A “Determination of pertinent indicators of environmental monitoring – a strategy for Europe'' (DIESE), cette thèse avait pour objectif l’évaluation des impacts du 17β-estradiol sur le développement du SI de bars juvéniles. Cette espèce de poisson marin passe ses années larvaires et juvéniles dans les zones estuariennes et littorales, s’exposant ainsi à la pollution anthropogénique. L’impact du 17β-estradiol a été évalué au niveau moléculaire, cellulaire et de l’organe et ceci à différents stades de développement, afin de pouvoir évaluer l’intégrité du SI au cours de son développement. Des expositions en laboratoire ont été menées afin d’examiner (I) l’expression génique des récepteurs aux estrogènes et celle des cytokines, (II) les populations leucocytaires dans le rein antérieur ainsi que leur activité phagocytaire et enfin (III) la croissance du thymus et sa régionalisation en réponse à différentes concentrations d’estrogènes et durées d’exposition. Une dépuration ultérieure à l’exposition a fourni l’information concernant la potentielle compensation des effets induits par le 17β-estradiol. Les résultats abondent les connaissances sur le développement du SI du bar et mettent en lumière des phases sensibles durant sa maturation. Du 17β-estradiol exogène interfère avec le développement du rein antérieur et du thymus, exactement durant les phases critiques mises en évidence lors du développement. Une exposition commençant à 90 dph génère un élargissement du thymus et des modifications indirectes ou retardées de l’expression génique de l’interleukine-1β et du récepteur aux estrogènes α au sein du rein antérieur. L’exposition de poissons de 120 dph modifie l’expression génique du récepteur β2aux estrogènes ainsi quecelle du transforming growth factor β1 et ceci de façon concomitante à une diminution de l’activité phagocytaire dans le rein antérieur. Ces poissons de 120 dph exposés ont été capables de contrebalancer, durant la dépuration, les impacts induits par le 17β-estradiol. Ainsi la phase finale de maturation du SI est une période, caractérisée par une sensibilité particulière aux polluants estrogéniques. Les estrogènes exogènes interfèrent avec le SI durant des étapes clés du développement du rein antérieur et du thymus, modulant par la même les fonctions du SI inné du bar juvénile. Une exposition persistante à de faibles concentrations peut par conséquent donner lieu à des perturbations plus substantielles et de plus grande portée qu’une contamination de courte durée à des concentrations plus élevées. Etant donné que de nombreux effets immunotoxiques surviennent à des concentrations réellement retrouvées dans l’environnement, ces polluants peuvent menacer la santé immunologique des animaux sauvages. Cette menace s’avère plus réelle encore, puisque d’autres polluants, pouvant agir sur la santé des organismes et leur immunocompétence, sont présents simultanément dans l’environnement aquatique.