''Si tu veux du sang et des balles, tu n'as qu'à zapper sur une autre radio'' : émergence, institutionnalisation et formes d'appropriation des radios communautaires en Colombie, 1948-2010
Auteur / Autrice : | Erica Guevara |
Direction : | Olivier Dabène |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 06/12/2013 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Isabelle Sommier |
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Dabène, Fabien Granjon, Salvador Martí i Puig, Caroline Ollivier-Yaniv | |
Rapporteur / Rapporteuse : Fabien Granjon, Salvador Martí i Puig |
Mots clés
Résumé
Alors que la Colombie traverse une période de violence intense au début des années 1990, une forme de média en apparence nouvelle se diffuse dans tout le territoire et est légalisée par l’Etat: celle des radios communautaires. Associées à de multiples fonctions, elles sont censées être politiquement neutres, donner la voix aux sans voix, pacifier, reconstruire le tissu social déchiré… Comment expliquer la diffusion et l'institutionnalisation d'un média marginal dans un contexte aussi difficile ? A partir d'une démarche généalogique et comparative sur cinq régions colombiennes, cette thèse montre que la radio communautaire peut être comprise comme une forme d’action collective dont les origines remontent à la fin des années 1940. Retracer l’histoire de la catégorie met en évidence l’existence de groupes militants aux intérêts multiples qui luttent pour la « cause des médias ». Loin de l’image du média petit, pur et isolé, les radios communautaires se sont développées dans un espace médiactiviste multisectoriel, à l’intersection de plusieurs sphères d’activité. Si les radios communautaires ont été légalisées en Colombie, c’est parce que ces militants multi-positionnés, acteurs intermédiaires entre ces sphères, cadrent l’objet en des termes compatibles avec l’action de l’Etat. Le média est alors redéfini et donne lieu à des appropriations diversifiées sur les territoires, en fonction des configurations d’acteurs à différentes échelles. Loin de leur image « apolitique », les radios communautaires peuvent être comprises comme des lieux de renégociation des frontières de la « communauté imaginée » dans un pays habituellement décrit comme un territoire fragmenté.