Thèse soutenue

La résistance des témoins : mémoires de guerre, nationalisme et vie quotidienne en Bosnie-Herzégovine (1992-2010)

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Auteur / Autrice : Cécile Jouhanneau
Direction : Jacques RupnikMarie-Claire Lavabre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 12/11/2013
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : Christophe Traïni
Examinateurs / Examinatrices : Jacques Rupnik, Marie-Claire Lavabre, Xavier Bougarel, Franck Mermier
Rapporteur / Rapporteuse : Xavier Bougarel, Franck Mermier

Résumé

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Pour rendre compte des dynamiques sociales et politiques à l’œuvre au sortir d’un conflit, cette thèse prend pour objet les mémoires de la guerre de 1992-1995 en Bosnie-Herzégovine. Inspirée par la sociologie de la mémoire de Maurice Halbwachs, par la sociologie des mobilisations et par celle des relations internationales, elle se penche sur les conditions sociales de l’expression des souvenirs de la détention en camps. A partir d’entretiens et d’observations ethnographiques et grâce au dépouillement d’un large corpus d’archives écrites, cette thèse prend à bras le corps l’hypothèse selon laquelle les mémoires de la guerre seraient clivées selon des lignes ethnonationales. Elle met au jour, dès les années de guerre, un processus de politisation nationaliste des récits publics de la détention. La judiciarisation internationale de la guerre favorise paradoxalement la construction par des acteurs politiques et militants bosniens d’une figure du détenu de camp comme témoin par excellence de la nature de la guerre. Or en déplaçant le regard vers l’échelle locale, on constate les limites de la politisation des récits de la détention. En effet, le devoir de témoignage assigné aux individus y rentre en concurrence avec des normes de civilité retravaillées au quotidien. Loin de l’image d’une « guerre des mémoires » ethnonationale, cette thèse donne à voir, dans les interactions locales, l’évitement du politique et la discrétion des « témoins ». Elle invite ainsi à prendre en compte les régulations sociales locales dans une sortie de conflit que l’étude des entreprises nationalistes et des interventions internationales de construction de la paix ne suffit pas à élucider.