Se mobiliser en situation autoritaire : une comparaison des contestations théâtrales argentine et chilienne (1973-1990)
Auteur / Autrice : | Mathilde Arrigoni |
Direction : | Olivier Dabène |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 08/11/2013 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Braud |
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Dabène, Christophe Traïni, Emmanuel Wallon, Graciela Ducatenzeiler, Guy Hermet | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Traïni, Emmanuel Wallon |
Mots clés
Résumé
En Argentine, pendant le Proceso de Reorganización Nacional, une mobilisation voit le jour en 1981, Teatro Abierto : elle durera jusqu’en 1986. Au Chili, sous le régime de Pinochet, des foyers de protestation théâtraux essaiment à Santiago, sans que la profession théâtrale ne parvienne ni à s’unir ni à gagner en visibilité. Cette thèse interroge les notions de résistance et de mobilisation en cherchant à résoudre ce paradoxe de départ : pourquoi et comment une profession artistique parvient-elle à se mobiliser dans une situation autoritaire a priori plus fermée qu'une autre? Outre les caractéristiques historiques, macro, méso et micro-sociologiques des deux milieux professionnels considérés, on s’aperçoit que la nature de la répression (structurelle ou individuelle) et ses effets sont une variable cruciale pour comprendre les dynamiques d’engagement. A l’aide d’une enquête qualitative de neuf mois conjuguant entretiens, récits de vie, observations participantes et travail sur archives, nous démontrons que la répression à l’oeuvre sous le Proceso entraîne une économie affective spécifique chez les membres de Teatro Abierto, qui explique en partie le passage à la mobilisation. Les artistes effectuent une double conversion émotionnelle, pour, d’une part, passer du sentiment d’humiliation au sentiment d’indignation, et, d’autre part, réhabiliter dans l’espace public grâce à des outils théâtraux précis les émotions euphoriques et ludiques que le régime avait censurées. A terme, la mobilisation permet aux acteurs de reconstruire une estime de soi défaillante, gagner en capital symbolique et politique, et autorise les spectateurs à militer et à vivre par procuration.