Thèse soutenue

Céline d'un siècle l'autre : le trouble à l'oeuvre : éléments pour une approche multidimensionnelle des oeuvres littéraires
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Auteur / Autrice : Julien Grange
Direction : Pierre Le Quéau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie, démographie
Date : Soutenance le 21/02/2013
Etablissement(s) : Grenoble
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire de sociologie de Grenoble (2010?-2014)
Laboratoire : Emotion Médiation Culture Connaissance / EMC2
Jury : Président / Présidente : Catherine Dutheil Pessin
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Le Quéau
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Pierre Esquenazi, Christine Détrez

Résumé

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Les romans de L.-F. Céline expriment de manière paroxystique et à bien des égards l’expérience troublée que l’individu contemporain fait du monde et de son humanité : « L’homme est nu, dépouillé de tout, même de sa foi en lui. C’est ça mon livre. », résumait l’auteur à la publication de Voyage au bout de la nuit. « Faillite des recours traditionnels », « incertitude généralisée », « roman de la peine de vivre » : l’œuvre célinienne est par bien des aspects emblématique des transformations du siècle et des divers troubles qu’elles semblent avoir entraînés dans leur sillage. Le présent travail interroge la propension de l’étude des œuvres à se faire, comme Roger Bastide l’appelait de ses vœux, une « technique d’analyse du social », des sociétés, des cultures et de leurs transformations. Une telle perspective envisage nécessairement l’œuvre comme un processus, et il s’est donc agi d’articuler une approche par l’institution (étude de la réception inaugurale de Voyage au bout de la nuit), une approche par la production (biographie sociologique de l’auteur), et une étude des lectures actuelles de L.-F. Céline (enquête par entretiens avec une quarantaine de lecteurs d’aujourd’hui). C’est ce dispositif méthodologique qui m’a autorisé à envisager comme « d’un bout à l’autre de l’objet et du siècle » ce qui s’exprime et se met au travail par la médiation de cette œuvre-là, permis de resituer sa persistance à « faire sensation », sens et valeur, dans les dynamiques des transformations qui affectent la société française des années 30 à nos jours. Les outils de la sociologie clinique ont par ailleurs rendu possible l’objectivation des troubles à l’œuvre : permis d’identifier et de replacer les troubles dont cette œuvre médiatise l’expression et la mise au travail dans des tensions et conflits identitaires : dans des situations d’entre-deux, sociaux et culturels, qui se sont généralisées d’un début de siècle l’autre et dont cette œuvre nous indique, en angle mort, l’importance du point de vue de la culture.