ONG, classe sociale et culture en Serbie : une anthropologie de l'aide à la démocratie
Auteur / Autrice : | Theodora Vetta |
Direction : | Jonathan Friedman |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et ethnologie |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Mots clés
Résumé
Cette thèse analyse la ''révolution associative'' en Serbie, le boom des ong locales depuis la dissolution de la yougoslavie. Loin des vues normatives qui célèbrent les ONG comme incarnations démocratiques, il faut expliquer ce phénomène à travers ses liens dialectiques avec l'industrie de l'aide, l'économie politique mondiale et les projets néolibéraux de restructuration étatique. J'analyse tout d'abord ce que la démocratisation fait en pratique, les épistémologies du changement social qu'elle produit, la manière dont elle essentialise l'Histoire et suggère des techniques de soi comme forme d'intervention sociale. J'examine ensuite les politiques culturelles autour du cadre dominant ''démocrates contre nationalistes'' à travers le prisme analytique de classe: en exposant le cosmopolitisme pratique que les ONG de salon déploient comme stratégie de légitimation pour se consolider, et en analysant les ''nationalstes'' à travers des expériences de dépossessions symboliques et matérielles, je montre aussi que faire des ''projets'' déradicalise la production du savoir et l'action politique, en même temps qu'il produit un nouveau précariat. Enfin, je discute le conflit assumé entre ONG et état via la réforme de l'état providence. Je soutiens que les hiérarchies de pouvoir se situent plutôt entre une élite technocratique d'experts, circulant entre ONG-donateurs-état et les ONG et institutions publiques qui fournissent des services, stigmatisées à cause de leur ''résistance'' aux réformes. L'aide, je conclus, crée non seulement les conditions de sa propre reproduction institutionnelle, mais surtout, contribue à la reproduction sociale de systèmes mondiaux inégalement structurés.