K'in tajimol : danse, musique, gestes et parole comme mémoire rituelle : une analyse du carnaval maya-tsotsil à San Pedro Chenalho et Polho, Chiapas-Mexique
Auteur / Autrice : | Rocio Noemi Martha Martinez Gonzalez |
Direction : | Carlo Severi |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et ethnologie |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Résumé
Le K'in tajimol, ou fête des jeux, est un rituel de cinq jours qui marque, dans le cycle agraire et festif maya-tsotsil, la fin d'une année et le début d'une nouvelle. Cette fête a lieu dans la région des Altos du Chiapas à San Pedro Chenalho, commune ''officielle'', et à San Pedro Polho, commune autonome zapatiste, deux communes opposées politiquement. Le K'in tajimol reconstitué à Polho en 1996, est considéré comme un rituel pour la mémoire et contre l'oubli. Mon approche de cette fête s'efforce d'approfondir la compréhension d'un ''rituel complexe'' qui articule espaces, gestes, paroles, images et musique. Il s'agit de reconnaître les modes de fonctionnement d'une mémoire rituelle qui articule des temporalités multiples, ancrées dans une histoire de longue durée des peuples mayas. A travers la pragmatique du rituel et les analyses du ''sacrifice'' des jeux et de différentes techniques du langage, je tente de comprendre comment les tsotsils ont pu donner forme et continuité aux échanges dialogiques et même contradictoires, à travers des actions rituelles complexes qui révèlent la domination et la confrontation avec ''l'autre''. J'essaie également de comprendre la relation qui existe entre mémoireet oubli, ainsi qu'entre rituel, narration, mythe et mémoire sociale. Ici, la dimension historique a une grande importance, car les actions rituelles qui se succèdent dans le K'in tajimol font écho à plusieurs moments de l'histoire locale, régionale et même nationale. On ne peut pas comprendre le K'in tajimol sans l'inscrire dans l'accumulation des temporalités historiques qui s'entrelacent dans le présent du rituel.