À la recherche de la matrice du langage : des approches mentalites de l'interaction sociale au languaging

• Auteur / Autrice : Vincenzo Raimondi
• Direction : Michel de Fornel
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sciences du langage
• Date : Soutenance en 2013
• Etablissement(s) : Paris, EHESS
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales

Mots clés

Mots clés contrôlés

Sociolinguistique

Autopoïèse

Perception sociale

Acquisition du langage

Langage -- Origines

Mots clés libres

Language

Interaction

Acquisition du langage

Cognition sociale

Résumé

Beaucoup d'approches contemporaines entendent expliquer le lien originaire entre langage, interaction et socialité en relation stricte avec l'explication de l'activité conjointe et de la cognition sociale. Ces modèles, dont l' « infrastructure sociocognitive » de Tomasello et Levinson, permettent d'émettre diverses hypothèses d'ordre phylogénétique, ontogénétique et comparatif, mais demeurent essentiellement mentalistes tout en se fondant sur des conceptions de l'esprit et du langage tenues pour acquises et problématiques. La thèse présentée consiste à montrer que pour expliquer le lien entre langage et interaction sociale, il convient d'abandonner les perspectives cognitivistes et néo-darwinistes courantes. Dans la lignée de Maturana, l'introduction d'une approche bio-logique permet de considérer le domaine de l'interrelation entre les sphères opérationnelles des individus comme le domaine adéquat pour expliquer l'interaction, et d'y identifier les conditions de possibilité du langage (et de la culture), c'est-à-dire son organisation fondamentale, à savoir la coordination consensuelle récursive (engendrant le processus du languaging), et sa caractérisation comme phénotype ontogénétique, notion qui permet d'en comprendre l'établissement phylogénétique et développemental. Comprendre les conditions constitutives de l'interaction, du langage et de notre socialité implique donc de révéler la matrice opérationnelle-relationnelle dans laquelle nous existons en tant qu’humains. De nouvelles hypothèses en découlent, allant de l'acquisition du langage aux origines évolutionnaires de notre mode de vie bio-logiquement culturel.

In many contemporary approaches, the comprehension of the foundational relation between language, interaction and sociality has being linked to the explanation of joint activity and social cognition. In particular, Tomasello and Levinson's ''sociocognitive infrastructure'' models allow to formulate a set of phylogenetic, ontogenetic and comparative hypothesis. However, these theories remain mentalistic and they take for granted some conceptions about mind and language that are questionable. In this work, such an approach to interaction and language is challenged by showing how cognitivist and neo-Darwinian standpoints can be abandoned. Based on Maturana's thought, the ''bio-Iogical'' approach that is introduced here permits to consider the domain of our interrelated operational spheres as the adequate domain for explaining human interaction and for detecting language and culture conditions of possibility. We argue that the fundamental organization of this domain is the recursive consensual coordination (generating the languaging process) and that this organization realize the conservation of our ontogenetic phenotype. Understanding the constitutive conditions of language, joint activity and human sociality means, then, to reveal the operational-relational matrix in which we exist as human beings.