Isolement, communauté et société : sémantique de la solitude en contexte monastique latin (v.1080 - v.1150)
Auteur / Autrice : | Gabriel De Carvalho Godoy Castanho |
Direction : | Dominique Iogna-Prat |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisations |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Mots clés
Résumé
Quel est le rôle de l'isolement dans l'organisation sociale au Moyen Age? La thèse vise à répondre à cette question complexe à partir d'une étude de sémantique historique centrée sur ce que l'on désigne comme le « vocabulaire de la solitude », c'est-à-dire les mots couramment employés avec le terme « solitudo » dans les textes médiévaux. Le parcours proposé permet de repérer des continuités et des ruptures dans la façon dont le monde monastique latin a pu concevoir l'isolement. Mais, afin de mieux comprendre l'enjeu social de la solitude, cette thèse privilégie l'étude de l'un des moments clé de la mise en ordre de la société: le tournant et la première moitié du XIIe siècle (v. 1080-v. 1150). Dans la grande variété de formes d'isolement existant au cours de cette période, le modèle des moines chartreux, grands spécialistes de la solitude institutionnelle monastique, s'est imposé. Les Chartreux ont été très vite reconnus par leurs contemporains et par la hiérarchie ecclésiale comme un exemple parfait de vie solitaire ; d'où le projet d'analyser leur façon spécifique de penser la solitude. À travers l'analyse détaillée du vocabulaire et du champ sémantique de la solitudo, il a été possible de montrer que l'isolement participe au discours normatif de l'Église - un discours qui institue une pensée ecclésiologique fondée sur la hiérarchisation des formes matérielles et idéelles de séparation du monde. En somme, cette thèse soutient l'idée que vivre la solitude revient à penser la société, car parler de l'isolement amène souvent les auteurs médiévaux à penser aux façons « salutaires » de vivre ensemble sur Terre, à la fois pour soi et avec les autres.