Au nom de la biodiversité : de la construction d’une norme internationale à son application au niveau local
Auteur / Autrice : | Monica Castro |
Direction : | Bernard Hubert |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géographie |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette thèse, en mobilisant les théories foucaldiennes de la gouvernementalité et une approche political ecology, a voulu retracer les différents itinéraires des discours de conservation de la biodiversité et élucider leur rôle dans le processus d’écologisation des politiques publiques à différentes échelles et dans différents contextes. L’analyse multi-scalaire a fourni une précieuse clé pour comprendre comment cette idéologie spécifique s’est spatialisée et est aujourd’hui difficilement articulée politiquement par des systèmes de gouvernance écologique qui s’étendent à différentes échelles, du global au local. Ainsi nous avons commencé par étudier l’histoire de la biodiversité dès ses origines dans les milieux gestionnaires et préservationnistes nord-américains. Ensuite nous analysons les textes des conventions internationales qui touchent la nature, pour finir par nous intéresser de plus près à l’élaboration conceptuelle et textuelle d’une politique de gestion de la biodiversité issue de la Convention sur la diversité biologique : l’approche par écosystème. Nous avons par la suite confronté cette analyse globale du discours sur la biodiversité à son application sur le terrain au niveau de deux dispositifs concrets : le Parc Naturel Régional du Lubéron en France et l’ensemble Território Portal da Amazônia/Corridor biologique des écotones sud-amazoniens au Brésil. Au terme de cette thèse, la gouvernance de la biodiversité apparaît bien comme un processus complexe, une interaction entre un système international et des contextes locaux. L’étude de la genèse du système international (cadre normatif) pour gouverner le vivant s’est révélée être un système pertinent pour valider la notion de dispositif de gouvernementalité comme concept d’étude de la gestion de la biodiversité. L’examen de la mise en action locale de ces cadres normatif globaux a permis de montrer que la mise en place de ce dispositif transforme les relations que les hommes établissent avec leur environnement : cela les mène à penser et à agir de façon nouvelle. Des agriculteurs familiaux deviennent les champions de la Nature, des fazendeiros deviennent écologistes, des conservationnistes commencent, par le truchement de l’agroécologie, à s’investir dans le domaine agricole. Cependant, le lien entre l’intégration de la biodiversité au niveau international et sa déclinaison dans des contextes locaux n’est pas direct, les normes internationales ne percolent pas directement aux niveaux scalaires « inférieurs » en transformant les cadres législatifs. Chaque niveau scalaire, chaque territoire, conserve en effet sa logique propre. Les territoires sont modérément transformés quand ils incorporent, dans les dispositifs d’action et dans les mentalités des acteurs, des principes de gestion de la biodiversité.