Critère de propagation et d'arrêt de fissure de clivage dans un acier de cuve REP
Auteur / Autrice : | Amaury Bousquet |
Direction : | Philippe Bompard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Mécanique et science des matériaux |
Date : | Soutenance le 09/01/2013 |
Etablissement(s) : | Châtenay-Malabry, Ecole centrale de Paris |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences pour l'Ingénieur (Châtenay-Malabry, Hauts de Seine) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de mécanique des sols, structures et matériaux (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 1998-2021) |
Jury : | Président / Présidente : Véronique Aubin |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Bompard, Stéphane Chapuliot, Gilbert Hénaff, Clotilde Berdin-Meric, Anna Dahl | |
Rapporteur / Rapporteuse : Stéphane Chapuliot, Gilbert Hénaff |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L’objectif de cette thèse est de comprendre les micro-mécanismes physiques de propagation et d’arrêt de fissure de clivage dans l’acier de cuve 16MND5 et de proposer un modèle de prédiction robuste et physiquement fondé, en s’appuyant sur une campagne d’essais de rupture fragile sur éprouvettes de laboratoire finement instrumentées, associée à la modélisation numérique de ces essais. Dans un premier temps, des expériences ont été menées sur des éprouvettes CT25 de différentes épaisseurs à cinq températures (-150°C, -125°C, -100°C, -75°C, -50°C). Des trajets de fissures rectilignes et branchées (deux fissures se développant de manière quasi-symétrique) ont été observés. Pour estimer la vitesse de propagation, une caméra ultra-rapide a été utilisée, associée à la mise au point d’un protocole expérimental permettant d’observer la face de l’éprouvette dans l’enceinte thermique, sans givrage. Des observations à 500 000 images.s-1 ont permis de caractériser finement la vitesse instantanée de la fissure sur le ligament complet de la CT (~25 mm). En parallèle, pour pouvoir analyser les essais et l’impact de la viscosité sur la réponse mécanique autour de la fissure, le comportement élasto-viscoplastique du matériau a été étudié jusqu’à une vitesse de déformation de 104 s-1 pour les températures étudiées. La méthode des éléments finis étendus (X-FEM) a été utilisée dans le code de calcul CAST3M pour modéliser la propagation de fissure. Les simulations numériques associent l’approche locale de la rupture en dynamique non linéaire et un critère de propagation en contrainte critique de type RKR à une distance caractéristique. Les travaux réalisés ont permis de confirmer la forme du critère proposé par Prabel à -125°C, et d’identifier les dépendances de ce critère à la température et à la vitesse de déformation. A partir d’analyses numériques en 2D et 3D, un critère multi-température fonction croissante de la vitesse de déformation est proposé. Des modélisations prédictives ont permis de valider le critère sur deux géométries d’éprouvettes (CT et anneau) en mode I à différentes températures. Des observations MEB et des analyses 3D au microscope optique montrent que le mécanisme de rupture est le clivage associé à des zones de cisaillement ductile entre les différents plans de fissuration. L’étude de la fraction surfacique des marches de cisaillement et des contraintes de fermeture associées tend à justifier le critère mis en place. Un modèle analytique est proposé permettant de justifier le critère déduit des modélisations numériques. Ce modèle considère que les ligaments retiennent la lèvre de la fissure et induisent donc des contraintes de fermeture au niveau de la pointe de fissure qu’il faut compenser pour atteindre la contrainte de clivage effective en pointe de fissure. Cette résistance des ligaments est directement reliée à la loi de comportement du matériau et justifie la dépendance du critère de rupture identifié à la vitesse de déformation. Enfin, les branchements de fissure ont été analysés via le dépouillement des vidéos obtenues avec la caméra rapide qui mettent en évidence un amorçage initial rectiligne, puis un amorçage de fissures multiples de part et d’autre du plan de fissure qui conduisent à l’arrêt de la fissure initiale, l’une de ces fissures ‘secondaires’ conduisant ensuite à la rupture de l’éprouvette. Les rôles essentiels de l’épaisseur et du chargement dans ce mécanisme de branchement sont soulignés. L’augmentation de l’épaisseur réduit la fréquence d’apparition de ce mécanisme et finit même par l’annuler. Logiquement l’intensité du chargement doit être suffisamment importante pour créer cette zone plastique étendue : les essais qui présentent une propagation rectiligne sont les essais pour lesquels les chargements à l’amorçage sont les plus faibles.