Les travertins anthropiques, entre histoire, archéologie et environnement : étude geoarchéologique du site antique de Jebel Oust (Tunisie)
Auteur / Autrice : | Julien Curie |
Direction : | Christophe Petit |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la Terre |
Date : | Soutenance le 22/11/2013 |
Etablissement(s) : | Dijon |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Langages, Idées, Sociétés, Institutions, Territoires (Dijon ; 2007-2016) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Archéologie, terre, histoire, sociétés (ARTEHIS) (Dijon) - Archéologie, terre, histoire, sociétés (Dijon) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Aïcha Ben Abed-Ben Khader, Gérard Charpentier, John Scheid, Emmanuelle Vennin |
Rapporteur / Rapporteuse : Eric Fouache, Cees Passchier |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le travertin, connu sous le terme de lapis tiburtinus dans l’Antiquité romaine, est une roche issue de la précipitation du carbonate dissous dans les eaux de sources chaudes (travertins) ou froides (tufs calcaires), sous l’influence de processus physico-chimiques et/ou biologiques. Ce phénomène est décrit dès l’époque gréco-romaine par les auteurs antiques (Strabon, Pline l’Ancien, Vitruve), qui témoignent d’une roche qui se forme sous leurs yeux, qui dessine le paysage et qui est largement exploitée pour la construction (p. ex. le Colisée à Rome, le Temple grec de Ségeste en Sicile). Abondamment répartis à la surface de la Terre et caractérisés par une certaine diversité morphologique, les travertins représentent d’excellents enregistreurs des conditions climatiques et hydrologiques de leur dépôt, offrant un potentiel très fiable d’archives sédimentaires utilisées au sein de problématiques paléoenvironnementales. La notion de travertins anthropiques définie ici prend en compte l’influence de l’Homme sur ces formations sédimentaires et les eaux qui leur sont associées. Elle est illustrée par une approche géoarchéologique des dépôts de travertins préservés sur le site antique de Jebel Oust, en Tunisie, où l’exploitation d’une source chaude est attestée depuis le début de notre ère jusqu’à son tarissement dès la fin de l’Antiquité tardive. La source thermale surgissant sur le versant oriental de la montagne fut l’objet d’un culte aux époques romaine puis paléochrétienne et alimentait en eau chaude, par le biais d’un aqueduc, un édifice thermal localisé en aval. Notre approche géoarchéologique met en lumière l’anthropisation du versant qui se traduit par un contrôle du fonctionnement de la source chaude et des dynamiques sédimentaires associées. En parallèle, l’analyse des travertins préservés au sein des structures antiques révèle des informations primordiales sur les conditions de déroulement du culte et sur les pratiques balnéaires (fonction des salles thermales, gestion de l’eau, phases de réfection, états d’abandon). Une vision plus générale d’une géoarchéologie des travertins anthropiques propose une nouvelle approche des problématiques liées à l’eau, en insistant sur la gestion plus ou moins complexe d’une source carbonatée, chaude ou froide, et en précisant le degré d’impact humain sur le développement des travertins.