Suppléance perceptive et cognition sociale : étude des interactions tactiles minimalistes
Auteur / Autrice : | Loïc Deschamps |
Direction : | Charles Lenay, Katia Rovira |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Technologies cognitives, management de l'innovation et systèmes complexes |
Date : | Soutenance le 07/05/2013 |
Etablissement(s) : | Compiègne |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences pour l'ingénieur (Compiègne) |
Mots clés
Résumé
Cette recherche s’inscrit dans le cadre de l’élaboration d’espaces numériques d’interaction tactile, en tant qu’ils sont rendus possibles par la connexion en réseau d’un dispositif de suppléance perceptive. Dans ce contexte, nous avons articulé une recherche appliquée, centrée sur les analyses d’usage du dispositif dans des contextes écologiques, à une recherche fondamentale, dirigée par les questions théoriques soulevées par les usages eux-mêmes.Pour cela, la méthodologie minimaliste nous offre une occasion originale d’étudier la constitution même des rencontres interpersonnelles, à travers un espace de couplage sensorimoteur inédit. Nos résultats généraux suggèrent que le processus de l’interaction est une dynamique relationnelle autonome qui émerge de l’engagement mutuel des participants. Dans une approche énactive et interactionniste de la cognition sociale, il s’agit alors de considérer que le croisement perceptif entre deux sujets, même réduit à son expression la plus simple, consiste en la rencontre de deux activités perceptives construisant du sens. Dans le contexte de rencontres strictement dyadiques, nous tentons de caractériser cette dynamique, de façon à en isoler les éléments constitutifs. Nous montrons alors que la coordination interpersonnelle résulte d’un processus actif de co-ajustements dynamiques qui se joue autant à un niveau microscopique (qualité de l’accroche perceptive) qu’à un niveau macroscopique (organisation de séquences d’interaction). Dans le contexte de l’exploration mutuelle d’un contenu numérique, nous montrons que cette dynamique d’interaction permet aux participants de faire sens de leurs engagements respectifs en fonction des objets présents. La coordination des activités perceptives se présente alors comme le support de la co-constitution d’un monde partagé de significations, à travers une compréhension interpersonnelle ancrée dans un contexte pragmatique. En outre, l’articulation des expérimentations et des analyses d’usage écologiques nous a conduits à proposer des spécifications techniques et fonctionnelles pour les espaces numériques partagés, de façon à proposer un dispositif pertinent pour les utilisateurs déficients visuels.