Thèse soutenue

L'individu, le corps et les affects : anthropologie et politique chez Spinoza

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Louwoungou Massima
Direction : Kim Sang Ong-Van-Cung
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 05/11/2013
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sciences, Philosophie, Humanités (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Charles Ramond
Examinateurs / Examinatrices : Kim Sang Ong-Van-Cung, Pierre-François Moreau, Pascal Sévérac
Rapporteurs / Rapporteuses : Charles Ramond, Pierre-François Moreau

Résumé

FR  |  
EN

La présente étude porte sur l’anthropologie et la politique de Spinoza. Il s’agit précisément de montrer en quoi, la réflexion spinoziste sur l’homme se donne particulièrement à lire à travers les concepts d’ « individu », de « corps » et d’« affects ». Au cours de notre analyse, nous montrons que ces concepts occupent une place de choix chez l’auteur de l’Éthique pour deux raisons : d’une part, c’est par eux, que le philosophe déploie son analyse des rapports psychophysiques de l’individu humain. En effet, selon lui, le corps humain étant une réalité « en acte », il est nécessairement affecté par d’autres corps. Or, en tant qu’il est aussi l’objet de l’idée (l’esprit), rien n’affecte ou ne modifie sa puissance, sans qu’il ne soit perçu par l’esprit humain. Et, l’« affect » n’est tout autre que cette modification de la puissance corporelle et sa perception par l’esprit. Autrement dit, l’affect peut se définir comme la conscience simultanée que l’individu humain a de son propre corps, par l’entremise de la perception des altérations de la puissance d’agir de ce dernier (les sciences contemporaines, telles que la neurobiologie, la psychologie, la médecine, et bien d’autres, corroborent les thèses de Spinoza à ce propos). C’est en insistant sur la simultanéité des rapports psychophysiques, donc sur l’absence d’interaction du corps et de l’esprit, que Spinoza se démarque de Descartes. D’autre part, à travers les mêmes concepts (de « corps » et d’« affects »), Spinoza permet aussi de penser la constitution d’un autre genre de corps ; un corps né de l’union des individus humains, à savoir : le corps politique. Les affects sont, non seulement au fondement de la constitution de ce corps, mais ils sont aussi ce qui permet de réguler les affaires humaines. C’est en ce sens que Spinoza nous amène à concevoir le corps politique, non pas comme une rupture - contrairement à ce que soutenait Hobbes - mais comme une continuité de l’état de nature. Le mérite de l’anthropologie spinoziste est de montrer qu’autant la nature humaine ne peut se concevoir sans affects, autant aucune réflexion politique ne peut avoir de valeur de vérité sans la prise en compte de ces mêmes affects.