Thèse soutenue

Écritures révolutionnaires de la nature au XIXème siècle : géographie et liberté dans les essais sur le cosmos d'Alexander von Humboldt, Henry David Thoreau et Elisée Reclus
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Auteur / Autrice : Bertrand Guest
Direction : Jean-Paul Engélibert
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophones et comparée
Date : Soutenance le 06/12/2013
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Textes, littératures, écritures et modèles (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Anne-Gaëlle Weber
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Paul Engélibert, Éric Dayre, Christine Baron, Didier Coste, Yves-Charles Grandjeat
Rapporteurs / Rapporteuses : Éric Dayre, Christine Baron

Résumé

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Comment s’articulent, autour des rapports entre l’homme et la nature, les pratiques scientifiques du naturaliste et du géographe, une pensée politique s’étendant du libéralisme à l’anarchisme et un style d’écrivain ? C’est la question que posent, singulièrement à la forme de l’essai, les œuvres d’Alexander von Humboldt (1769-1859), de Henry David Thoreau (1817-1862) et d’Élisée Reclus (1830-1905). Dans un large XIXème siècle à envisager comme période révolutionnaire marquée par l’effacement des terræ incognitæ, le recul de la nature « sauvage » et les soubresauts économiques et politiques (Révolution Industrielle et révolutions politiques faisant se succéder les régimes), ces figures qu’il faut relire comme d’authentiques écrivains allient au sein d’une politique de la nature la géographie de la Terre à celle de l’Homme, et leurs expériences personnelles de la nature (du voyage d’exploration à l’habitat) à une pensée de la communauté allant et venant de l’individu à l’humanité, du micro- au macrocosme. Héritiers des Lumières luttant contre l’esclavage, le despotisme et le colonialisme, qu’ils documentent, ces essayistes qui refusent de laisser la science aux mains d’une caste positiviste et ethnocentriste sont les vulgarisateurs et les prophètes d’une démocratie littéraire en construction. Ils sont les pionniers d’une exploration moderne des rapports entre écriture et connaissance, les témoins essentiels d’une différenciation des savoirs que leur pratique littéraire universaliste entend conjurer. Tout l’enjeu consiste à perpétuer une approche de la nature comme un ensemble (cosmos) au moment même où elle se trouve, en tant qu’objet, divisée entre création littéraire et savoir savant. A l’aube de l’écologie littéraire et dans cette description d’un monde où chaque chose dépend de chacune des autres, la pratique de l’essayiste semble être la seule à pouvoir porter ce discours complexe, à la fois politique, scientifique et littéraire.