Thèse soutenue

L'ailleurs et la quête de soi dans l'oeuvre de J.-M. G. Le Clézio

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Auteur / Autrice : Noureddine Ameur
Direction : Éric BenoitKameleddine Gaha
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophones et comparée
Date : Soutenance le 29/06/2013
Etablissement(s) : Bordeaux 3 en cotutelle avec Université du Centre (Sousse, Tunisie). Faculté des lettres et des sciences humaines
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Textes, littératures, écritures et modèles (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Martine Mathieu-Job
Examinateurs / Examinatrices : Éric Benoit, Kameleddine Gaha, Carole Auroy, Chaabane Harbaoui, Mustapha Trabelsi
Rapporteurs / Rapporteuses : Carole Auroy, Chaabane Harbaoui

Mots clés

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Mots clés libres

Résumé

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La problématique est de suivre comment Le Clézio, en faisant de l'espace une donnée fondamentale, parvient à en faire une donnée déterminante de l'altérité linguistique et à créer un style qui se construit au fil du changement. Cette caractéristique est aussi génératrice d'une identité particulière: grâce à ces espaces revisités tant par la fiction que par le déplacement, Le Clézio fait de l'écriture un espace d'autocréation et de quête de l'identité personnelle. Loin de s'abandonner à l'autobiographie directe et différente de l'autofiction, l'écriture leclézienne s'interroge sur un possible rapport entre le vivre et l'écrire. Elle se veut une possibilité d'exister et de revivre à chaque fois un passé ancestral que l'auteur n'a jamais connu. En cela, elle est réintégration de l'ailleurs dans une perspective de re-conquête de soi. Le Clézio a opté pour une esthétique du divers qui a fait du déplacement un principe fondamental, une sorte d' « errance sur la terre errante ». C'est pour cela que la langue se fait, elle aussi, mobile, une langue qui change à la frontière de l'Ici, là où le français se fait également voix de l'autre dans toute sa différence et voix de l'auteur. L'errance dont Le Clézio a renouvelé le sens depuis Le Livre des fuites touche tous les détails de la création littéraire. Nous assistons à une mobilité constante qui est plutôt "mobilisme" comme chez Bergson, là où la langue se fait parole écrite perpétuellement renouvelée. Ce choix esthétique a tout un soubassement philosophique qui s'inscrit dans la perspective de la rupture avec la pensée occidentale. Le Clézio revendique une nouvelle manière d'être au monde profondément liée à la circonstance. La mobilité appliquée à tous les détails de l'écriture, se trouve ontologiquement transposée en un devenir autre constant qui se présente comme trait définitoire d'un sujet qui vit mal la sédentarisation. Ainsi, le «je », libéré de toute historialité particulière, est toujours en quête d'un espace vital en perpétuel changement. En fait, l’Etre, dans la perspective leclézienne, est plutôt Etre-à. Loin de la conception cartésienne, Le Clézio fait de l'espace une des principales composantes d'un cogito qui est plutôt praxis dans le sens où le sujet doit quitter le cadre de la pensée, qui est aussi une prison, vers l'ouverture sur le monde. L'être-à leclézien est un passage du penser au vivre et du vivre à l'exister dans le sens d'une habitation poétique. C'est en dépassant l'autoréflexivité que le sujet se réalise en tant qu'entité non exclusivement cérébrale.