Thèse soutenue

Les réflexions sur l'histoire dans les ''Essais'' de Montaigne

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Auteur / Autrice : Tsuyoshi Shishimi
Direction : Catherine Magnien-Simonin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophones et comparée
Date : Soutenance le 25/10/2013
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Textes, littératures, écritures et modèles (Pessac, Gironde ; 2007-2021)
Jury : Président / Présidente : Jean Balsamo
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Magnien-Simonin, Bruno Méniel, Bénédicte Boudou, Véronique Ferrer
Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Méniel, Bénédicte Boudou

Résumé

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Notre thèse étudie comment les réflexions sur l’histoire et l’historiographie, que Montaigne élabore en dialoguant avec les lieux communs antiques et humanistes ainsi qu’avec des nouvelles théories historiques avancées par les historiens juristes français de son époque – à commencer par Jean Bodin, auteur de la Méthode de l’histoire –, débordent leur domaine originel et servent à approfondir ses réflexions sur divers autres thèmes. Après avoir précisé le passage de l’« art d’écrire l’histoire » à l’« art de lire les histoires » qui s’est développé chez les historiens juristes français du XVIe siècle et au sein duquel Montaigne élabore sa propre façon de lire les histoires en soulignant pour sa part la liberté et la spontanéité du lecteur (première partie), nous tentons d’abord de montrer qu’il surmonte l’incertitude épistémologique de l’histoire humaine en distinguant nettement le « croyable » du « possible » et en construisant un système de connaissance fondée uniquement sur la « foi » qu’échangent les témoins, les historiens et leur lecteur (seconde partie) ; ensuite, nous examinons la manière dont il bouleverse la notion et la pratique de l’exemplum historique sur le plan tant discursif que didactique, et revendique les exempla tirés de sa propre vie, tout en reconnaissant leur imperfection (troisième partie) ; enfin, au niveau de l’écriture, nous constatons non seulement qu’il représente son expérience personnelle dans l’histoire en contaminant volontairement le passé avec le présent, mais aussi qu’il s’inspire des historiens – notamment des historiens parlant de leurs propres gestes – pour justifier son écriture de soi-même (quatrième partie). Compte tenu du contexte culturel et intellectuel de la Renaissance, nous mettons ainsi en lumière la sensibilité et les connaissances profondes qu’avait Montaigne des débats contemporains concernant l’histoire et l’historiographie, et montrons que ses réflexions sur l’histoire alimentent celles sur les questions épistémologiques, morales et littéraires dans les Essais.