« Ni fou, ni gogol ! » : ségrégation scolaire et réaction aux stigmates des jeunes orientés en Institut Thérapeutique, Educatif et Pédagogique
Auteur / Autrice : | Hugo Dupont |
Direction : | Joël Zaffran |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociétés, Politique, Santé publique. Sociologie |
Date : | Soutenance le 28/11/2013 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : Alain Blanc |
Examinateurs / Examinatrices : Joël Zaffran, Nathalie Nader-Grosbois | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Serge Ebersold, François Sicot |
Mots clés
Résumé
Grâce à une démarche ethnographique et à l’appui théorique de la sociologie interactionniste et de la sociologie de l’expérience, nous proposons une étude de la stigmatisation sociale, de la ségrégation scolaire et de la réaction des individus ainsi socialement traités à partir du cas des jeunes diagnostiqués comme souffrants de troubles du comportement et orientés en Institut Thérapeutique, Educatif et Pédagogique (I.T.E.P.). Nous commençons par déconstruire le processus amenant à l’étiquetage de certains élèves au comportement déviant et à l’échec scolaire évident, déviances qui sont traduites en trouble mental et en handicap. Cela permet de saisir les enjeux socio-politiques qui expliquent comment les acteurs parviennent à légitimer la mise à l’écart des élèves présentant des troubles du comportement. L’I.T.E.P. développe une stratégie de normalisation du comportement combinant deux logiques : celle du nécessaire soulagement de la souffrance psychique tenue pour responsable des troubles du comportement chez ces jeunes, et celle qui relève davantage de l’« orthopédie sociale » consistant en une rééducation et une resocialisation. Cette prise en charge totale prend le risque de leur isolement social et de leur glissement dans une situation de liminalité dont il sera difficile, par la suite, de sortir. A cette stratégie, et malgré les étiquettes et la prise en charge disqualifiantes auxquelles ils sont confrontés, les jeunes répondent par la mise en place de tactiques qui consistent, d’une part, à mettre à distance les stigmates qu’ils subissent et, d’autre part, en un travail de « normification » de leur personnalité et à travers elle, de leurs comportements. Leurs objectifs est de convaincre, dans un premier temps, qu’une telle orientation est illégitime dans leur cas et, dans un second temps, qu’ils sont prêts à retourner dans un cursus de formation ordinaire.