Problématique de l’évaluation neuropsychologique du sujet âgé de bas niveau d’études
Auteur / Autrice : | Hind Mokri |
Direction : | Jean Bouisson, Jean Bouisson |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociétés, Politique, Santé publique. Psychologie |
Date : | Soutenance le 26/11/2013 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : George Andrew Michael |
Examinateurs / Examinatrices : Jean Bouisson, Jean Bouisson, Jose Alberto Avila Funes | |
Rapporteur / Rapporteuse : Fabienne Collette, Anne-Marie Ergis |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L’impact du niveau d’études sur les performances cognitives est largement connu. Aussi, l’évaluation des sujets de bas ou très bas niveau d’études est un réel challenge pour les cliniciens. D’une part, les outils habituellement utilisés dans le bilan du sujet âgé ne sont pas adaptés aux individus analphabètes ou de bas niveau d’éducation, et, d’autre part, les normes nécessaires à l’interprétation des scores cognitifs ne prennent pas suffisamment en considération cette population de bas niveau scolaire. Ainsi, la question que pose ce travail de thèse est de savoir comment optimiser l’évaluation neuropsychologique de ces sujets de bas niveau scolaires. L’objectif poursuivi par la première étude de cette thèse est de déterminer s’il existe un effet propre du fait de savoir lire et écrire indépendamment de celui de la scolarisation. Pour répondre à cette question, nous avons pu accéder aux données recueillies dans la cohorte mexicaine de Coyoacán qui a la particularité d’avoir un échantillon important de sujets n’ayant jamais été scolarisés. Cette première étude a montré que des sujets n’ayant jamais accédé au système éducatif mais ayant des notions rudimentaires de lecture et d’écriture acquises de manière informelle, ont des performances plus élevées à tous les tests considérés, hormis pour le Set test d’Isaacs (IST), que des sujets ne sachant pas lire et écrire. Ainsi, ces résultats illustrent l’effet des capacités de lecture et d’écriture, un effet distinct de l’effet du niveau de scolarisation. Une seconde difficulté à laquelle doivent faire face les cliniciens est l’absence de normes adaptées aux sujets de bas niveau d’études. Ainsi, un travail autour de l’élaboration de normes adaptées aux sujets de bas niveau d’études a été réalisé dans la cohorte de Coyoacán et nous a permis d’élaborer des normes pour le Mini Mental State Examination (MMSE), le Rappel libre/Rappel indicé 16 items (RL/RI-16) et l’IST, jusque-là inexistantes pour la population âgée mexicaine et qui a la particularité de présenter une forte proportion de sujets de bas niveau d’études. Un second travail de normalisation a été réalisé dans la cohorte AMI, une cohorte menée en milieu rural dans le département de la Gironde dans laquelle la proportion de sujets de bas niveaux est plus élevée qu’en population générale, pour un nouveau test de mémoire visuo-spatiale, le test des gobelets pour lequel nous avons également étudié sa validité dans la détection de la démence. Ces normes classiques, corrigées pour des variables démographiques sont essentielles à l’interprétation des scores cognitifs. Dans le même temps, dans le cas de la démence où l’âge et le niveau d’études sont deux facteurs de risque majeurs, cette pratique habituelle de corriger pour ces variables afin d’établir ou de prédire un diagnostic de démence peut être remise en question. Si des travaux antérieurs ont montré que l’utilisation de scores corrigés diminue la qualité de détection de la démence, la dernière étude de cette thèse a montré qu’il en est de même lorsqu’il s’agit de prédire la démence : les sujets qui deviennent déments à court terme sont mieux classés lorsque les scores ne sont pas corrigés que lorsqu’ils sont corrigés pour l’âge et le niveau d’études. Ainsi, loin de régler le vaste problème de l’évaluation du sujet de bas niveau d’études, cette thèse tente d’apporter des éléments pragmatiques au clinicien sous la forme de tests ou de normes adaptées, mais aussi des éléments de réflexion sur l’utilisation de ces scores.