La saline d'Arc-et-Senans : manufacture, utopie et patrimoine (1773-2011)
Auteur / Autrice : | Emmeline Scachetti |
Direction : | Jean-Claude Daumas |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 23/11/2013 |
Etablissement(s) : | Besançon |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Langages, Espaces, Temps, Sociétés (Besançon ; 1991-2016) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire des sciences historiques (Besançon ; ....-2016) - Laboratoire des sciences historiques |
Jury : | Président / Présidente : Didier Terrier |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Claude Daumas, Didier Terrier, Natacha Coquery, Pierre Fluck, Pierre Lamard, Jean-Marc Olivier | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Natacha Coquery, Pierre Fluck |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La Saline d'Arc-et-Senans, construite à partir de 1774 selon les plans de l'architecteClaude Nicolas Ledoux, est aujourd'hui un centre touristique et culturel reconnu, notamment depuisson classement comme patrimoine mondial par l'Unesco en 1982. Mais son histoire est avant toutcelle d'un lieu de production du sel, qui fonctionne pendant plus d'un siècle. Sur décision de la Fermegénérale, elle est construite pour répondre aux difficultés rencontrées dans l'exploitation des sourcessalées à la Saline de Salins, en particulier le manque de bois. Saline sans ressources en sel, son exploitationpose la question de son manque d'autonomie, qui explique son échec économique. Inscrite dansl'ensemble juridico-économique que représentent les Salines de l'Est, elle peine à trouver sa place surle marché du sel. Les Salines de l'Est, d'abord protégées par le monopole d'État sur le sel jusqu'à la loide 1840, sont ensuite livrées à la concurrence des entrepreneurs privés, qui tentent de réunir au seind'une société anonyme l'ensemble des concessions et mines de sel de l'Est. La Saline d'Arc-et-Senans,bien moins rentable que les autres, sans possibilité d'amélioration technique, doit fermer ses portes en1895. Elle échappe alors de peu au destin habituel des anciens lieux de production, celui de la friche.Inscrite sur la liste des monuments historiques en 1926 et rachetée par le département du Doubs en1927, elle pose la question de l'avenir des sites industriels dont l'activité cesse. Sans préoccupationspatrimoniales particulières, plusieurs projets de reconversion se succèdent jusque dans les années 1960,sans qu'aucun d'entre eux aboutisse. C'est l'intervention des technocrates de la culture qui apporte lasolution en 1972, avec la création du Centre du futur. L'identité de ce lieu, qui a été progressivementvidé de sa mémoire industrielle, est reconstruite autour de la notion de cité idéale et la Saline devientle patrimoine de l'utopie. Cette nouvelle lecture des lieux, si elle en permet la sauvegarde, montreaujourd'hui ses limites pour l'exploitation touristique de la Saline, qui peine à armer une identité cohérente auprès du public. Ainsi, en occultant la mémoire industrielle du lieu, la Saline d'Arc-et-Senansest un exemple unique de patrimoine inventé.