Thèse soutenue

Au delà de l'érotisme : pour une nouvelle définition de l'oeuvre de Domenico Tampio (1750-1821)

FR  |  
EN  |  
IT
Auteur / Autrice : Chiel Canzio Monzone
Direction : Edoardo EspositoMarina Geat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littératures étrangeres
Date : Soutenance le 17/01/2013
Etablissement(s) : Avignon en cotutelle avec Università degli studi (Salerne, Italie). Dipartimento di studi linguistici e letterari
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 537 « Culture et patrimoine » (Avignon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Identité Culturelle, Textes et Théâtralité
Jury : Président / Présidente : Pérette-Cécile Buffaria
Examinateurs / Examinatrices : Paola Ranzini
Rapporteurs / Rapporteuses : Pérette-Cécile Buffaria, Sebastiano Martelli

Résumé

FR  |  
EN

Le poète sicilien Domenico Tempio, ayant vécu à Catane entre la seconde moitié du XVIIIe siècle et le premier quart du XIXe siècle, a été classé pendant longtemps comme un auteur obscène, dont le profil humain aurait été, de façon tout à fait injustifiée, celui d’un libertin. En réalité, l’analyse du corpus des poèmes publiés (au nombre de 332) et inédits (56) démontre qu’il est faux de désigner ses textes comme pornographiques, suivant les jugements critiques qui ont été consacrés dans le passé à sa figure de poète et à son oeuvre. S’il est vrai, en effet, qu’une partie fort réduite de ses textes(16 sur 388) contient des représentations ayant un caractère licencieux, en termes de langage et de situations, il est tout aussi vrai que l’écriture obscène véhicule très souvent des connotations plus complexes. Cela résulte des poèmes érotiques qui ont été analysés et traduits du dialecte de Catane (parfois pour la première fois) dans cette thèse (L’imprudenza o lu Mastru Staci, Il Padre Siccia, Ad Reverendum N.N., La monica dispirata, Lu cojtuimperfettu, etc.). Il s’agit de textes dont l’attribution à cet auteur n’est pas toujours incontestable. Bien qu’une petite partie d’entre eux ne figure pas dans les manuscrits qui se trouvent dans deux bibliothèques de Catane (Biblioteche Riunite Civica e Ursino Recupero et Biblioteca Regionale), une tradition orale, relayée par les recueils imprimés, les a attribués depuis longtemps au poète sicilien. En effet, les textes en question abordent, entre autres, des thèmes tels que les comportements immoraux des ecclésiastiques, l’importance du mariage, la nécessité d’une sexualité conforme aux bonnes moeurs, la force corruptrice de l’argent, les effets néfastes de l’entrée forcée au couvent, etc. Tout cela se joint à une sexualité représentée dans ses modalités les plus brutales en tant que reflet des appels de la nature et que l’hypocrisie de cette époque-là voilait. Si la pornographie consiste en la représentation obscène du domaine sexuel, visant à susciter l’excitation des sens, cela ne vaut absolument pas pour désigner l’œuvre de Domenico Tempio : ses textes les plus licencieux ne l’impliquent aucunement. C’est plutôt un sourire malicieux qu’ils suscitent éventuellement auprès du lecteur. L’écriture obscène, chez lui, renvoie surtout au registre de la dénonciation, ayant pour but de fustiger les mauvaises mœurs et de moraliser. Mais le poète de Catane alla bien au-delà de l’érotisme. La plupart de ses textes (odes, petits poèmes, épithalames, huitains, fables, etc.), à commencer par La Carestia, son œuvre la plus marquante (20 chants comprenant près de 26 000 vers), présentent une grande variété de formules d’expression et de thèmes. Pour ce qui est des genres, on relève, par exemple, la satire, la parodie, l’ironie, la critique sociale, l’invective politique, etc. Quant à la langue employée, on enregistre plusieurs modalités (dialecte sicilien, vers toscans, emprunts à la langue latine, etc.). En ce qui concerne les thèmes évoqués,on signale, par exemple, l’amour romantique, l’infidélité des femmes, l’amour paternel, la dénonciation des injustices, l’indifférence du pouvoir,l’exploitation du peuple, etc. Dans le cadre du contexte culturel sicilien, Tempio représenta la seule voix qui dénonça, avec insistance, les erreurs et les abus d’une société décadente, tout en invoquant la nécessité de réformes et de changements majeurs.