La force d'une institution disqualifiée : les logiques sociales du voilement des musulmanes en France
Auteur / Autrice : | Julien Beaugé |
Direction : | Patrick Lehingue |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance en 2013 |
Etablissement(s) : | Amiens |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Alors que l'on s'interroge le plus souvent sur les ''motivations'' des jeunes femmes qui se voilent aujourd'hui en France (le ''pourquoi''), cette thèse s'est plutôt attachée au processus du voilement, à la rencontre entre une ''histoire faite chose'' et une ''histoire faite corps'' (le ''comment''). Dans une première partie, on s'est demandé dans quelle mesure le port du voile pouvait être considéré comme un ''héritage culturel'' familial. Il apparaît, en fait, que cet usage a rarement été transmis au sein des familles immigrées musulmanes. Mais c'est justement pour cette raison qu'il peut revêtir une telle importance symbolique pour une génération de musulmanes nées en France, scolarisées longuement et s'étant constituées un petit capital culturel de nature religieuse. La contrepartie de leur ''subjectivation'' par l'Islam est cependant leur soumission accrue à une domination de type hiérocratique. Dans une deuxième partie, on a reconstitué les étapes par lesquelles les musulmanes voilées passent au cours de leur itinéraire les conduisant à se voiler. Enfin, dans la troisième partie, on a essayé de comprendre ce qui permettait de ''tenir bon'' une fois voilée. Réfutant l'hypothèse d'une politisation du voile par ''en bas'' (le ''fichu islamiste''), on défend la thèse que paradoxalement, les difficultés rencontrées avec le voile contribuent à accroître encore l'attachement qu'on peut lui porter. Le port du voile, particulièrement dans le contexte français, constitue une sorte d'ascèse intramondaine