Les conflits africains au regard des médias français (1994-2008) : construction, mise en scène et effets des narrations médiatiques
Auteur / Autrice : | François Robinet |
Direction : | Christian Delporte |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2012 |
Etablissement(s) : | Versailles-St Quentin en Yvelines |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Les conflits africains bénéficient entre 1994 et 2008 d’une visibilité variable au sein de l’espace public français. Les événements rwandais de 1994, la première guerre du Congo, la guerre civile en Côte d’Ivoire et le conflit du Darfour mobilisent l’intérêt des rédactions de presse écrite, de radio et de télévision françaises quand la plupart des autres conflits suscitent attention diffuse et relative indifférence. L’étude de la fabrique des récits médiatiques et des mises en scène visuelles de l’information éclaire le lien entre cet inégal traitement et les enjeux de la médiatisation des événements conflictuels africains. Surtout couverts lorsqu’ils sont perçus comme une crise humanitaire, comme un génocide ou lorsque des intérêts français sont en jeu, les conflits africains donnent lieu à la construction de récits médiatiques marqués par la récurrence de représentations dominantes et de stéréotypes : ils révèlent ainsi l’hégémonie d’un système de valeurs, de pensées et de représentations qui imprègne fortement les discours journalistiques. Ce système se fonde en effet sur une vision assez manichéenne du monde héritée de la période coloniale, valorisant le rôle de la France, réduisant les acteurs africains aux rôles symboliques de victimes ou de populations violentes et marginalisant finalement les visions de journalistes plus attentifs à la réalité. La prégnance de cette doxa résulte du poids des imaginaires partagés sur la France et l’Afrique, de certaines logiques, propres aux pratiques journalistiques (logiques d’audience ; logique de crédibilité) ou partagées avec d’autres acteurs (logique de la vulnérabilité ; logique de la dénonciation-action) ainsi que de stratégies de communication déployées par la diplomatie française au service d’intérêts nationaux (légitimation d’intervention militaire ; valorisation de la puissance française). Dès lors, la construction et la mise en scène de l’information sur les conflits africains résultent d’une production, collective et systémique, effectuée par des professionnels confrontés à des contraintes fortes et à des jeux d’influences de plus en plus complexes.