Thèse soutenue

La fiction de John Le Carré à l'ère du soupçon : du roman policier au roman d'espionnage.

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Auteur / Autrice : Dorothée Huchet
Direction : Sophie Marret-Maleval
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études anglophones
Date : Soutenance le 06/12/2012
Etablissement(s) : Rennes 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues (Bretagne)
Partenaire(s) de recherche : PRES : Université européenne de Bretagne (2007-2016)
Jury : Président / Présidente : Jean-Pierre Naugrette
Examinateurs / Examinatrices : Claire Charlot, Hélène Machinal, Benoît Tadié
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Pierre Naugrette, Denis Mellier

Résumé

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Nombre de lectures concernant la fiction d’espionnage de John le Carré s’accordent sur la place particulière que celle-ci occupe au sein du genre. Pourtant, aucune ne met en regard la spécificité des romans et de l’écriture le carréenne, avec ses emprunts au roman de détection ou au roman américain hard-boiled, et le contexte politique, philosophique et épistémologique. Lorsque les premiers romans de le Carré sont publiés, dans les années 1960, le monde connaît d’importants bouleversements sociaux et politiques. Si de nouveaux enjeux naissent alors dans le roman d’espionnage, et si la fiction de John le Carré fait partie de celles qui incarnent ces changements, on retrouve plus particulièrement chez l’auteur les marques de la rupture épistémologique des années 1960 : flexibilité des valeurs morales au sein des services de renseignements, vide dogmatique, et parfois idéologique, chez l’agent professionnel, ou encore remise en cause de l’Histoire, qui est perçue chez le Carré comme le résultat d’actes de manipulation. Ainsi, en entrant dans l’ère du soupçon, telle qu’elle est dépeinte et magnifiée dans le monde secret de le Carré, son oeuvre offre un reflet des inquiétudes qui marquent la postmodernité de la fin du XXe siècle. Pourtant, l’oeuvre s’en éloigne d’un autre côté en ce qu’il ne renvoie pas à un vertige sans fin du sens ou une absence totale de vérité. Il laisse la possibilité au héros d’évoluer et d’apprendre. D’un point de vue littéraire, bien que le Carré suive le modèle d’écriture du roman d’espionnage, il l’a aussi en partie refaçonné de l’intérieur en le tirant du côté du roman policier et de la quête de vérité mais aussi en l’enrichissant des questions postmodernes. L’oeuvre de l’auteur se retrouve donc à une position médiane : il est entré dans la postmodernité sans toutefois céder à l’excès de la multiplicité ou du chaos et il continue d’utiliser les conventions d’un genre qu’il maniepour les faire évoluer vers une réflexion sur la place de l’être humain