Thèse soutenue

« Unclear Occupation » la filière des plantes ayurvédiques : Paradoxes et limites de la gestion publique des ressources forestières au Kérala (Inde)

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Auteur / Autrice : Lucie Dejouhanet
Direction : Frédéric Landy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance en 2012
Etablissement(s) : Paris 10

Résumé

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Au niveau international, la protection de la biodiversité et la valorisation des médecines traditionnelles sont devenues des enjeux environnementaux et sociaux essentiels ; dans le cadre de la réflexion sur les services écosystémiques, la cueillette des produits forestiers non ligneux est perçue comme un moyen de développement des populations dans les pays du Sud. Au Kérala (Inde), la croissance de la production industrielle de médicaments ayurvédiques interroge les modes de gestion des ressources forestières, dont sont majoritairement issues les matières premières médicales. Dans cet État, connu pour son modèle de développement social, a été mise en place une filière intégrée et administrée de commercialisation des produits forestiers non ligneux, qui relie cueilleurs adivasi ayant le monopole de l’activité d’extraction de ces produits, et industries pharmaceutiques. Imposant une approche linéaire de l’approvisionnement de ces dernières, cette filière exclut du système une grande partie des acteurs engagés dans la commercialisation des produits, rendant illégale leur activité. Le système coopératif public offre une garantie de prix et de débouchés aux cueilleurs autorisés, remplissant son objectif social, mais il manque de compétitivité sur un marché dominé par le secteur privé. Celui-ci, non reconnu par l’État, organise l’activité, étend ses réseaux et crée autant de filières parallèles, dont l’opacité et la taille creusent le fossé entre industries et cueilleurs, interrogeant la durabilité économique et écologique du secteur. À travers l’analyse critique des étapes de la filière, ce travail met en évidence les contradictions dans la gestion publique des espaces forestiers, entre protection de la forêt et de ses habitants et production de ressources. La gestion participative cherchant à impliquer les populations forestières dans la protection de leur environnement, complexifie encore les relations de pouvoir et les enjeux de contrôle dans ces espaces.