De l'expérience en art à la connaissance du sujet : photographie et identité
Auteur / Autrice : | Catherine Rebois |
Direction : | François Soulages |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Arts plastiques |
Date : | Soutenance en 2012 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Esthétique, sciences et technologie des arts (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La notion complexe d’expérience, telle qu’elle peut s’avérer liée au photographique, a été le point de départ de cette recherche. C’est donc avec la photographie et le photographique que nous avons questionné les enjeux de l’expérience. Nous avons mis en rapport la vie, l’oeuvre, la perception et la connaissance. La psychanalyse a été une donnée importante pour approfondir la question. L’image photographique, le vécu, la raison, la différence, l’identité, l’art et le contemporain, voilà les points d’ancrage de cette thèse qui nous invite à travailler l’expérience. Parce que l’oeuvre est, dans une certaine mesure inaccessible, et parce que l’expérience est un processus complexe, la production artistique nous donne la possibilité de créer de l’expérience à notre tour. Elle a ce pouvoir de nous introduire à l’expérience et de percevoir l’expérience à l’oeuvre. C’est pourquoi aussi l’oeuvre a besoin du spectateur pour une re-connaissance du monde sensible. Avec l’expérience, il y a une sorte de performance de la perception et de la compréhension qui transforme le rapport à l’objet de l’expérience. Ce qui aura été objet de l’expérience va lui se transformer en objet de connaissance. Le propre de l’expérience est-il de nous mettre devant un point de non-sens qu’il faudrait s’approprier ? Faire expérience pourrait s’entendre comme faire expérience d’un réel, un réel qui nous déborde. Seule l’expérience est en mesure de différencier les hommes entre eux et l’idée captivante que met en avant John Locke est que l’expérience serait la source et l’origine de toute connaissance. C’est principalement à partir de l’oeuvre de trois artistes photographes que nous avons développé ce travail : Francesca Woodman, artiste aux origines italiennes, David Nebreda, artiste espagnol, et Dieter Appelt, artiste allemand. Ils travaillent tous trois avec la photographie tout comme avec leur corps et la notion d’autoportrait, ils nous ont aidé à aborder la question de l’expérience car, pour chacun d’entre eux, les enjeux ne semblaient les mêmes. C’est pour ces différences que nous les avons choisies. Nous avons également et paradoxalement développé notre recherche avec Patrick Tosani, artiste photographe contemporain, qui travaille l’objet et ne parle que du corps. Il apparaît que la photographie nous met dans une distance forcée. Elle s’organise dans sa réalité temporelle et met en scène le monde ou son monde. C’est un moyen de connaissance et de re-connaissance. Elle devient oeuvre au sens où l’expérience est un jour dépassée ; elle est donc l’expérience du soi au travers d’une subjectivité. La photographie comme l’expérience comporte des risques car on ne sait pas non plus où elle nous mène. Bien souvent, elle ne nous mène pas là où nous l’avions imaginé. Elle met en oeuvre et il s’agit alors d’une épreuve car elle travaille à la fois sur plusieurs temps et en plusieurs temps. Il s’agit là du temps de l’expérience. L’expérience nous place et nous tend vers une recherche de vérité à soi-même inconnue.