Thèse soutenue

Macro-Son : situation, évaluation et synthèse du macro-son à l'aide de structures formelles algorithmiques

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Auteur / Autrice : Sinan Bökesoy
Direction : Horacio Vaggione
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Musique
Date : Soutenance en 2012
Etablissement(s) : Paris 8

Résumé

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L’objectif de cette thèse est de proposer une nouvelle approche de l’organisation de la structure sonique, dans le cadre de la composition musicale. L’organisation du son sera traitée à différentes échelles, grâce à des méthodes algorithmiques, engendrant ainsi ce que nous appellerons « macro-son ». Le terme « macro » fait appel à une échelle de perception relative, et signifie qu’une forme est composée. Les trois échelles temporelles (micro, méso, macro) servent donc de référentiel les unes aux autres, et l’existence d’un phénomène peut naturellement faire l’objet d’une observation hiérarchique, ouvrant la voie à une nouvelle stratégie pour la conception de « macro-sons ». Cette hiérarchie est le lieu du développement de différentes couches, en continuum vis-à-vis des attributs de la perception. L’échelle de perception est alors relative au temps, et nous pouvons également en proposer des divisions comme « méso » et « micro ». Le questionnement principal de cette thèse serait alors de savoir comment construire un phénomène sonore macroscopique à partir de ses entités microscopiques. Ainsi, le terme « macro-son » concerne une structure sonique organisée possédant une complexité croissante du niveau micro au niveau macro. On s’attendra également à observer un phénomène d’émergence lors de la conception du macro-son suivant notre stratégie. Au sein de cette hiérarchie présentant plusieurs niveaux, la composition du macro-son contribue à la formation d’une structure, devenant elle-même une forme musicale. Les conséquences perceptives de cette perspective de conception du macro-son sont nombreuses et seront abordées dans cette dissertation. La recherche que nous présentons ici est rattachée à une pratique compositionnelle visant, et aboutissant, à des résultats concrets. Cette orientation fut la source d’inspiration initiale et la base de cette recherche sur la conception du macro-son. Cette stratégie de conception tient compte des approches algorithmiques existant auparavant, et étend l’acte compositionnel au matériau sonore lui-même. De nouveaux moyens de formalisation et de structuration furent alors nécessaires. L’objectif visé par de tels questionnements est de fournir des points de repère utiles et aisément compréhensibles, en tirant parti du potentiel nouveau offert par le travail de micro-composition du son. De tels exemples compositionnels ne sont pas envisagés ici dans le cadre de l’approche traditionnelle de la composition algorithmique (automatique). Ils sont vus comme la translation du paradigme de composition timbrale, qui crée une forme musicale auto-émergente. Par la capacité à atteindre la microstructure du son, le processus est devenu « la composition du son », puis « la composition avec le son ». Le processus qui consiste à composer le son lui-même a été enrichi par la possibilité de définir la structure formelle et la complexité en accédant aux morphologies structurelles sur plusieurs échelles. Le processus de conception du macro-son devra être transparent vis-à-vis des décisions compositionnelles qui construisent la structure. Un paradigme consistant à suivre strictement des processus musicaux formalisés peut par exemple être décelé dans la musique de Xenakis, ou d’autres qui utilisent des concepts mathématiques et des modèles computationnels comme cadres formels de leur composition. Le contrôle de l’espace timbral des objets sonores fournit des connexions formelles aux structures musicales. Nous décrirons les aspects temporels, comme les opérations concernant le continuum, l’émergence, ainsi que les processus morphologiques appliqués à des structures soniques, et aussi des idées inspirées de phénomènes naturels. Depuis les approches traditionnelles jusqu’aux nouvelles philosophies de la pensée compositionnelle, comme le contrôle de la complexité, l’intérêt central réside toujours dans l’expression des différents aspects de la composition du macro-son. Les différentes méthodes de contrôle de la complexité et l’introduction du comportement émergent de la structure sonore constituent le point clef à questionner pour étudier et améliorer les outils existants, dans le but de concevoir l’objet macro-sonore. La conception du macro-son englobera les actes d’organisation du son au sein d’une approche « bottom-up » (ascendante) dans l’espace sonique, du niveau micro au niveau macro. Comme pour la composition d’œuvres musicales, les stratégies descendantes (top-down) et ascendantes (bottom-up) sont introduites pour permettre un contrôle des différents niveaux de la structure sonore. Ceci a également des conséquences sur les aspects temporels. Les processus agissant au niveau micro-temporel ont été développés pour gérer les éléments micro-sonores, et permettre l’organisation des particules sonores. Nous observons que l’approche théorique est également valide dans le cadre de la pratique compositionnelle, grâce au développement d’outils logiciels de travail en temps réel. Des applications novatrices développées pendant cette recherche, comme Stochos, Cosmos et CosmosF vont encore plus loin, avec des modèles stochastiques de distribution d’événements permettant le contrôle en temps réel (grâce aux nouvelles possibilités de programmation informatique) de la complexité et de l’espace timbral en continuum. Quant aux problématiques de visualisation des structures soniques complexes, elles ne furent pas oubliées, et certaines expérimentations seront présentées. Finalement, l’application CosmosF est tournée vers la synthèse de structures macro-sonores ayant des attributs écologiques, pour engendrer des résultats sonores intéressants d’un point de vue perceptif et utiles pour la composition. Le système qui fournit le résultat sonique possède également des capacités d’auto-organisation. Certains principes de la cybernétique ont été évalués de façon critique dans le chapitre correspondant, notamment l’expression des interdépendances existant entre les composants du système, ses dynamiques, et le couplage avec l’environnement environnement. Ce travail vise à donner lieu à une auto-évolution de type écologique, reposant sur un échange interactif entre le système et les conditions extérieures. L’objectif est de formuler quelques nouveaux principes et d’en présenter une ébauche, pour dessiner un réseau de concepts ouvrant de nouvelles voies pour la synthèse sonore.