Thèse soutenue

Pour une sociologie du journal télévisé : Enquête sur ses publics et ses représentations

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Auteur / Autrice : Aurélie Delcros
Direction : Birgitta Orfali
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 24/11/2012
Etablissement(s) : Paris 5
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019)
Jury : Président / Présidente : Jean-Claude Soulages
Examinateurs / Examinatrices : Birgitta Orfali, Jean-Claude Soulages, Arnaud Mercier, Jean-Bruno Renard
Rapporteur / Rapporteuse : Arnaud Mercier, Jean-Bruno Renard

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Mots clés libres

Résumé

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L’audience inégalée du journal télévisé de 20 heures en fait le symbole de la communication dite de masse suscitant par là même des représentations sociales péjoratives et suspicieuses. Parangon de l’information moderne (imagée, en direct, dite de masse) et symbole de la « malinformation », le journal télévisé cristallise les critiques adressées à lapresse plus largement. Le point de départ de cette thèse renvoie à un paradoxe propre au journal télévisé : il est le média le plus consommé et le plus critiqué. Cette recherche sur les téléspectateurs du journal télévisé permet de comprendre ce paradoxe par une logique de lien social et invite, par ailleurs, à s’intéresser aux représentations sociales des téléspectateurs pour comprendre la réception du journal télévisé. Il s’est agi au travers d’une double enquête, qualitative et quantitative, de remettre en question la notion de masse, au sens où « le public » du journal télévisé n’est pas une totalité,mais qu’il existe bien des publics ayant des attentes mais surtout des représentations sociales différentes qui correspondent à divers usages sociaux de JT différents. Tout en menant une réflexion méthodologique sur les biais inhérents au phénomène de réception de la télévision, ce travail de terrain a conduit à saisir les publics des journauxtélévisés selon leurs représentations sociales et leur rapport à la politique. L’analyse qui en ressort met en lumière la dimension normative du phénomène incitant à déconstruire la notion de critique à travers trois idéaux-types critiques qui correspondent à des représentations divergentes des médias, de l’information et de la politique. En s’intéressant auxreprésentations des publics des journaux télévisés, l’analyse met en exergue l’importance de la représentation de l’influence du journal télévisé dans la mesure où elle est fortement liée aux critiques. Ainsi, nous avons mis en évidence une structuration des publics des différents journaux télévisés selon trois pôles, alors formés par le 20 heures de TF1, celui de France 2 et enfin, ce que nous avons nommé les « hors JT » qui rassemble les téléspectateurs des JTminoritaires du point de vue de leur audience. Chacun de ces JT s’adresse à un public relativement homogène et conduit à concevoir la réception de ce genre télévisuel selon une typologie des publics qui renvoie à trois modes de réception.Les satisfaits du JT répondent à une norme sociale propre aux sociétés modernes selon laquelle on doit être informé. Il apparaît donc que la logique sous-jacente à cette pratique est une logique de lien social qui pousse les individus à être informés, comme si être informé permettait de se conformer à l’idéal de l’individu moderne. Le primat accordé aux imagessuppose que ce qu’ils cherchent à travers cette pratique c’est plus à partager des émotions communes qu’un contenu informationnel qu’ils considèrent minimal. Ainsi l’usage du journal télévisé est avant tout un usage d’intégration sociale qui se traduit dans le discours des enquêtés par l’expression « être au courant ». Ce type correspond principalement auxtéléspectateurs du 20 heures de TF1 car ce qu’ils cherchent ce n’est pas tant l’information qu’un contact phatique avec le monde extérieur et à se conformer à la majorité. Les critiques représentent un type de public proche de celui de France 2, il se caractérise par un certain niveau culturel et social qui explique certainement son plus fort niveau de politisation. Ces téléspectateurs font preuve d’une critique modérée des journaux télévisés qui s’apparente à une cette critique citoyenne leur confèrant alors un rôle de vigie sur l’information et veille à son rôle démocratique. Enfin, les dénonciateurs, assimilent les « 20 heures » à la « pensé unique », la « manipulation », voire à de la « propagande ». Leurs représentations des journalistes, des médias et des politiques s’énoncent alors sur le registre de la défiance et de la dénonciation proches des théories du complot...