Thèse soutenue

La première phrase de roman est-elle une phrase comme les autres ? La spécificité ressentie de l'initiale romanesque, caractérisations linguistiques à l'aide d'un corpus en langue anglaise

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Auteur / Autrice : Virginie Passot
Direction : Pierre Cotte
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Linguistique
Date : Soutenance le 10/11/2012
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Concepts et langages (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de linguistique théorique et appliquée (Paris ; 2002-2013)
Jury : Président / Présidente : Wilfrid Rotgé
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Cotte
Rapporteurs / Rapporteuses : Françoise Canon-Roger, Monique de Mattia-Viviès

Résumé

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Délaissée par les théoriciens pour la notion plus large d'incipit, il semble pourtant acquis que la première phrase d'un roman est spécifique. À l'aide des outils de la linguistique et dans une approche centrée sur le lecteur, on a voulu caractériser cette spécificité ressentie, identifier ses causes et ses effets. Le matériel est un corpus de 402 premières phrases tirées de romans publiés de 1980 à 2011, rédigés en langue anglaise. Penser le commencement est un défi pour la cognition. Le début de roman rejoue ses problématiques et met face à l'arbitraire indépassable de toute création. Le passage du discours ordinaire au discours fictionnel pose la question du statut logique de la fiction et fait apparaître la première phrase comme le seuil critique où s'articule un dialogue entre réalité et fiction. La théorie littéraire et le structuralisme attribuent des fonctions (programmation, codification) au commencement. La première phrase inaugure un espace énonciatif ludique et est le lieu d'un transfert d'autorité énonciative de l'auteur au narrateur. Elle construit le cadre énonciatif et narratif du récit, mais aussi ses premiers contenus, dont le lecteur élabore des représentations mentales. L'étude de l'anatomie du corpus révèle un manque de spécificité grammaticale, le jeu consistant à faire comme si la phrase n'était pas la première. En résulte une énigme, dont la résolution détourne à des fins ludiques les fonctions cognitives habituellement dévolues aux problèmes sérieux. Ce piège séductif explique le phénomène d'immersion fictionnelle, dont on explore également le versant esthétique. La spécificité de la première phrase de roman est avant tout cognitive et affective.