Dire de ne pas dire : du silence éloquent à l'énonciation tragique des déclarations d'amour chez Racine
Auteur / Autrice : | Jennifer Tamas |
Direction : | Georges Molinié |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue française |
Date : | Soutenance le 29/10/2012 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Sens, texte, informatique, histoire (Paris ; 2010-....) |
Jury : | Président / Présidente : Anna Jaubert |
Examinateurs / Examinatrices : Georges Molinié, Frédéric Calas, Alain Viala |
Mots clés
Résumé
Nous formons l’hypothèse que Racine met en scène une lutte contre l’indicible. Dans chaque pièce, il s’agit de révéler quelque chose d’inacceptable et d’impossible à dire. Comment dire ce qu’on ne peut pas dire ? Et surtout, comment ne pas provoquer l’effroi de celui qui écoute ? Le silence, qu’il représente une pure absence de mots ou un bruissement de voix permettant de ne pas répondre, se trouve ainsi au coeur de l’échange dialogique. La déclaration d’amour relève de cet indicible et suscite une tension permanente entre « dire » et « taire ». Cette étude s’articule donc autour du paradoxe suivant : parler est impossible, mais la réticence à dire, une fois surmontée, produit l’irrémédiable. La déclaration d’amour est l’emblème de ce procédé. Elle représente l’énoncé tragique par excellence, puisqu’elle engendre la fatalité. Révéler l’amour, c’est condamner l’autre. L’oracle fatal s’exprime par la bouche des personnages amoureux. Racine donne ainsi naissance à un nouveau théâtre de l’amour dans lequel la déclaration correspond à une crise existentielle. Le personnage racinien affirme son être-au-monde par l’expression de son amour qui fait violence à l’autre.