L’encre de la mélancolie : déclinaisons littéraires d’un malaise chez Dante et Pétrarque
Auteur / Autrice : | Angela Deluca |
Direction : | Djamila Amrane, Giorgio Ficara |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études italiennes |
Date : | Soutenance le 09/01/2012 |
Etablissement(s) : | Paris 4 en cotutelle avec Università degli studi (Turin, Italie) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Civilisations, cultures, littératures et sociétés (Paris ; 1992-....) |
Jury : | Président / Présidente : Roberto Fedi |
Examinateurs / Examinatrices : Djamila Amrane, Giorgio Ficara, Yves Hersant |
Mots clés
Résumé
Les « maladies de l’âme » ont existé de tout temps et l’homme s’est employé à les nommer, à en rechercher les causes dans un déséquilibre organique, ou encore un mauvais usage de la raison qui le priverait de la félicité, celle-ci étant reconnue comme tranquillitas animi ou salut éternel. L’aspect le plus fécond de ce mal de vivre, d’un point de vue artistique et littéraire, repose sur le concept de mélancolie, tandis qu’aujourd’hui, sa forme diffuse en est la dépression. Lacan dans Télévision, décrivant cette dernière comme « une faute morale, comme s’exprimait Dante, voire Spinoza : un péché, ce qui veut dire une lâcheté morale », place la question sur un plan décidément éthique et incite à reconsidérer la subtile réflexion des Pères de l’Eglise et de Saint Thomas, concernant la relation entre péché et « maladie de l’âme », soit encore l’acédie dans ce contexte. Dante, cité explicitement par Lacan, et puis Pétrarque vivent et écrivent durant une période cruciale, qui voit coexister diverses conceptions médicales, philosophiques et artistiques de l’acédie, la mélancolie, l’aegritudo, toutes présentes dans leurs œuvres. Si Dante semble s’appuyer sur la conception médiévale de la maladie de l’âme, essentiellement engendrée par un usage incorrect de la raison et donc une perversion de l’amore di natura, Pétrarque reste, bien que de manière non déclarée, un poète « mélancolique », de fait : il souligne en premier lieu l’irréductible antagonisme entre savoir et félicité et puise dans l’ignorance et l’insatiable désir sa définition de l’essence de la nature humaine. Il fait de ce désir, incarné par la figure éternelle et inaccessible de Laura, la matière même de son chant.