Le carnaval de Cayenne. Esthétique et subversion. Histoire d'un phénomène festif issu du fait colonial
Auteur / Autrice : | Blodwenn Mauffret |
Direction : | Sylvie Chalaye |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études théâtrales |
Date : | Soutenance le 05/12/2012 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts et médias (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherches en études théâtrales (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Amos Fergombé |
Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Chalaye, Amos Fergombé, Rémi Astruc, Xavier Garnier, Brice Ahounou |
Mots clés
Résumé
Ce présent travail aborde le carnaval de Cayenne en tant que phénomène festif issu du fait colonial et interroge les mécanismes d'ajustement qui ont amené esclaves et ''gens de couleur libres'' à retourner une fête religieuse, au service d’une coercition imposée par l’ordre colonial et esclavagiste, en une pratique subversive. Il s'inscrit dans le champ des études théâtrales et aborde le carnaval à travers sa dramaticité. L'histoire du carnaval, des premiers temps de la colonie jusqu’à à la période contemporaine, montre une mise en place d'esthétiques originales qui autorisent toutes les subversions. La tradition dramatique carnavalesque est fortement marquée par la pratique du Détour pouvant se définir par l'exacerbation du caractère dérisoire de l'être créole. Le grotesque européen se mêle à la dérision militante créole offrant un héritage théâtral pouvant exprimer une digne rage, une humanité perdue, une utopie nouvelle. La danse des bals, populaires autant que ceux de la bourgeoisie noire, quant à elle, est un art de la fuite et convoque le marronnage créateur en construisant un espace-temps différent où l'être renaît dans un sentiment d'enthousiasme. Cet art de la fuite au sein des vidé participe à une immense transe collective où la violence jaillit devenant un moyen de déstabiliser l'ordre en place et d'aborder une nouvelle sociabilité. Le carnaval contemporain tente de résoudre les problématiques de l'histoire et devient l'inverse du Détour. L'être sort de l'ombre pour manifester sa valeur d'exposition manifestant un hédonisme générale. La théâtralité y est brillante et manifeste une hypervisibilité de soi. C'est l'ère de l'exacerbation de la valeur de l'être cayennais.