Thèse soutenue

L'œuvre de Kara Walker (1994 - 2009). Stratégies figuratives

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Vanina Géré
Direction : Christine Savinel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études anglophones
Date : Soutenance le 08/12/2012
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Études anglophones, germanophones et européennes (2009-2019 ; Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Langues, Textes, Arts et Cultures du Monde Anglophone
Jury : Président / Présidente : François Brunet
Examinateurs / Examinatrices : Christine Savinel, François Brunet, Huey Copeland, Divina Frau-Meigs, Philippe Dagen

Résumé

FR  |  
EN

Cette étude a pour objet l’ensemble de l’oeuvre de l’artiste afro-américaine Kara Walker, de 1994 à 2009. Fondé sur une approche pluridisciplinaire qui fait intervenir les Études américaines, les Études afro-américaines, l’histoire de l’art et l’esthétique, ce travail met au jour la récurrence de la violence dans l’oeuvre. Mettant en concurrence les propos de l’artiste et ses créations, il tente de dégager les constantes et les évolutions d’une oeuvre qui s’appuie sur une esthétique de la cruauté, et repose sur l’équilibre fragile entre la beauté et l’horreur. L’oeuvre de Walker ayant fait l’objet d’une controverse qui a joué un rôle important dans l’exégèse prolifique produite sur les créations de l’artiste, les tenants et les aboutissants de cette réception polarisée sont examinés. Compte tenu du succès immédiat de Walker, devenue en quelques années seulement une star sur la scène artistique établie, il était nécessaire de réfléchir aux conditions et aux causes de ce succès. À partir de la notion de stratégie figurative, ce travail se concentre sur les différentes manières dont l’artiste explore les représentations produites et relayées par la culture dominante. Les œuvres du début de sa carrière, ses installations de papiers découpés, sont ainsi analysées comme la mise en question du principe même de représentation. Utilisant la figure humaine et l’histoire comme des trompe-l’œil pour souligner la persistance de ces représentations dans l’imaginaire collectif et particulier, les installations jouent sur l’écart entre le désir d’interprétation du regardeur et sa frustration constante. Au milieu des années 2000, un infléchissement de l’oeuvre de l’artiste se produit ; il nous paraît particulièrement saillant dans les créations réalisées dans le sillage de la rétrospective de milieu de carrière de Walker (2007-2008). Il se traduirait par une réflexion sur la possibilité de représenter la violence exercée contre des disparus réels sans la transformer en spectacle. En conséquence, la construction du corps noir en tant que site spectaculaire dans la culture occidentale, ainsi que certains exemples de réponses, de ripostes émanant de Walker et d’autres artistes contemporains, sont envisagés dans ce travail. Ce dernier aboutit à l’examen des oeuvres où la figuration est mise en crise par le risque du spectacle ou compensée par l’incorporation de l’artiste, dans des oeuvres à la fois exceptionnelles et emblématiques du parcours de Walker, lequel atteste une tension constante entre la conscience du gouffre entre les sphères artistique et sociopolitique, et la tentative de créer un art politique.