Thèse soutenue

Une pratique sans théorie. Le très long poème américain de seconde génération

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Vincent Bucher
Direction : Christine Savinel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études du monde anglophone
Date : Soutenance le 01/12/2012
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Études anglophones, germanophones et européennes (2009-2019 ; Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Langues, Textes, Arts et Cultures du Monde Anglophone
Jury : Président / Présidente : Axel Nesme
Examinateurs / Examinatrices : Christine Savinel, Axel Nesme, Marie-Christine Lemardeley, Antoine Cazé, Mathieu Duplay

Résumé

FR  |  
EN

Les États-Unis n’ont eu de cesse d’attendre depuis Emerson le grand chef d’œuvre national qui célèbrerait le destin d’exception de la jeune démocratie et affranchirait la littérature et la langue américaines de la tutelle du vieux continent. Cette tâche ne pouvait incomber à l’épopée dont on a pu juger qu’elle était inapte à décrire le monde contemporain et qu’elle contredisait une modernité poétique de l’intensité lyrique. La renaissance spectaculaire du « long poème » américain au cours des XIXe et XXe siècle ne peut donc s’inscrire dans la filiation de « formes » jugées obsolètes. Elle paraît d’ailleurs d’autant plus problématique qu’après avoir été rapportée au lyrisme démocratique de Walt Whitman, le « long poème » fut approprié par T.S. Eliot et Ezra Pound et assimilée aux excès d’un « high modernism » autoritaire, élitiste et systématique. C’est ainsi que la critique n’est parvenue à rendre compte paradoxalement de cette « forme » qu’en la niant, confirmant ainsi son illisibilité : le long poème ne pouvait être qu’un recueil de poèmes courts, un chef d’œuvre ruiné ou une parodie de la pensée systématique et de l’exceptionnalisme américain. En étudiant « A » de Louis Zukofsky, Paterson de William Carlos William et les Maximus Poems de Charles Olson, je vise à démontrer qu’il est au contraire possible de lire cette forme en tant que telle sans avoir recours à des typologies génériques ou à la dichotomie modernisme/postmodernisme. Je tenterai aussi de suggérer que, dans ces trois œuvres, la poésie se conçoit comme une activité en devenir qui tente modestement d’articuler le poème au monde, au temps et à la lecture.