Penser l'acteur francais contemporain (hypothèses pour une pédagogie)
Auteur / Autrice : | Christine Farenc |
Direction : | Jean-Pierre Ryngaert |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études théâtrales |
Date : | Soutenance le 03/10/2012 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts et médias (Paris ; 1997-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherches en études théâtrales (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Sylvie Chalaye |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pierre Ryngaert, Sylvie Chalaye, Jean-François Dusigne, Emmanuel Wallon, David Wiles |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Dans un théâtre subventionné en crise, l’acteur français se pense aujourd’hui comme un hyper-citoyen, lui qui fut si longtemps privé de citoyenneté. Tout l’enjeu contemporain de la parole de l’acteur s’incarne dans la quête, nostalgique et militante à la fois, de l’éthos et de la transcendance perdus dans le statut d’infâme. En rejaillissant sur l’existence de l’acteur, l’infamie a cristallisé des affects tenaces, passés dans l’inconscient collectif, modelant l’hexis des comédiens, influençant les pratiques scéniques. Elle a contribué à consolider certaines particularités françaises en matière de pédagogie du jeu, comme la défiance vis-à-vis de la méthode stanislavskienne et du monologue. A cet égard, la comparaison avec l’école de jeu anglaise est instructive. C’est au moment de la laïcisation de l’État, il y a cent ans, qu’un nouveau théâtre fait des choix éthiques et esthétiques encore largement opératoires aujourd’hui, et achève la conversion de l’acteur : d’ancien damné, il deviendra sauveur, missionné par l’État auprès d’une nation-public. Contrairement aux apparences, la mise en infamie de l’acteur a toujours cours. Avec la sécularisation de la société française, elle a quitté le champ métaphysique, pour investir le champ méta-économique. Elle prend sa source dans le rapport statutaire de l’acteur à l’État et impose son coût historique. Un véritable ''Complexe d’infamie'' de l’acteur est en effet à l’œuvre sur les scènes françaises, assorti d’un tabou de l’intériorité et d’un interdit d’adresse directe au public, agissant comme un grand Sur-moi actoral. Infâme parmi les infâmes, l’acteur alter-ethnique est un cas redoublé du ''Complexe d’infamie''. L’acteur français noir, en particulier, est un révélateur des contradictions affectant ''visiblement'' la condition esthétique du comédien et la citoyenneté républicaine. Dans le contexte du quadruplement du nombre des acteurs en France depuis 1980, ce ''Complexe d’infamie'' éclaire la nature de l’indécision de la pédagogie dramatique. Il gagnerait à être sublimé ou subverti avant toute tentative de refondation pédagogique.