Alimentation, cuisine et ordre social dans le royaume d'Éthiopie (XIIe-XIXe siècle)
Auteur / Autrice : | Thomas Guindeuil |
Direction : | Bertrand Hirsch |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2012 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Résumé
Cette enquête propose d'étudier l'articulation, dans la longue durée, entre les pratiques alimentaires et la construction du royaume chrétien d'Éthiopie. Du XIIe siècle, moment de son apparition dans les sources historiques, à la fin du XIXe siècle, où il se fond dans un ensemble qui deviendra l'État éthiopien contemporain, les limites du royaume d'Éthiopie sont aussi celles d'un modèle social fondé sur la hiérarchie, et celles d'une culture de l'alimentation singulière. Au Moyen Âge, le prestige social est fondé sur une forme d'ostentation dans la consommation, mais aussi par des différences de goûts. Une « cuisine différentiée» semble alors exister au sommet de la hiérarchie sociale. Les grands repas publics organisés par les puissants symbolisent la redistribution des richesses perçues et le respect de l'organisation hiérarchique de la société. Au XVIe siècle l'édifice politique éthiopien est mis à mal par une série de bouleversements politiques. La période moderne est marquée par un enchaînement resserré de crises de subsistance, par l'accroissement de l'assujettissement des paysans, et par les dernières étapes de l'uniformisation économique des hauts plateaux. Il faut attendre le XVIIIe siècle pour que de modestes barrières soient à nouveau installées entre les pratiques alimentaires des élites et celles du peuple. L'émergence d'une forme d'aristocratie plus soucieuse de son confort et de sa table, tirant notamment profit des opportunités offertes par le commerce caravanier, est concomitante de la généralisation des repas publics qui, parallèlement, participent à la fois à uniformiser les pratiques alimentaires et à reconstruire l'unité du royaume.