''Virils et civilisés : citoyenneté et usages politiques de la rue à Buenos Aires (1928-1936)
Auteur / Autrice : | Marianne González Alemán |
Direction : | Annick Lempérière, Alejandro Cattaruzza |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2012 |
Etablissement(s) : | Paris 1 en cotutelle avec Université de Buenos Aires (Argentine) |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Universidad de Buenos Aires. Facultad de filosofía y letras |
Résumé
En 1912, la réforme du système électoral argentin instaure le vote secret et obligatoire pour tous les hommes argentins majeurs et impose l'élection comme la forme principale de participation à la vie politique. Cependant, l'élargissement du corps des votants n'est alors que le point de départ d'un processus plus vaste de ré appropriation d'un statut politique en pleine redéfinition. À Buenos Aires, les élections et les campagnes électorales ne sont ni la seule forme d'intervention politique, ni l'unique élément permettant de comprendre les caractéristiques du processus de construction de la citoyenneté dans l'entre-deux-guerres. Cette recherche soutient l'hypothèse selon laquelle, après 1912, la rue continue de fonctionner comme un espace d'intervention considéré par les acteurs comme susceptible de compléter le vote. «Virils et civilisés », telles sont les deux facettes d'une culture politique qui, tout en promouvant les comportements policés associés à la civilité électorale, valorise aussi les prises de position vigoureuses, la capacité des citoyens à affirmer haut et fort leurs positions dans l'espace public, ainsi qu'à se lever pour défendre la République. À partir de 1928, la crise du système politique donne une plus grande visibilité à la facette virile de la citoyenneté. Chaque camp postule alors la lutte politique en des termes irréductibles, niant à son adversaire le statut d'interlocuteur légitime et s'arrogeant le monopole de la défense des institutions. Dans ce contexte marqué par la perte des règles communes du jeu démocratique, la rue devient la scène centrale sur laquelle les acteurs collectifs agissent en fonction de principes de légitimité différents.