Vivre en France et en Turquie
Auteur / Autrice : | Elif Aksaz |
Direction : | Jean-Michel Chapoulie |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2012 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Résumé
Cette thèse rend compte d'une enquête ethnographique réalisée en suivant un groupe d'émigrés turcs dans une petite ville française, dans le village d'Anatolie dont la plupart de ces émigrés sont originaires et où ils reviennent fréquemment, et dans la sous-préfecture dont dépend ce village. La première partie propose un examen critique des recherches sur l'émigration turque en France, en Europe, des recherches sociologiques réalisées en Turquie sur le même sujet depuis 1960, ainsi que de recherches antérieures d'anthropologues sur les villages d'Anatolie. Elle met en évidence le biais national, chaque fois spécifique, des recherches antérieures, françaises, européennes ou turques et ses conséquences: des analyses partielles, voire contredites par les observations sur les caractéristiques de cette émigration. La seconde partie présente le système complexe des relations sociales qui prend place dans les deux pays dans lesquels vivent les émigrés. «Etre Turc en France» signifie «être à la fois en France et en Turquie». Les émigrés entretiennent un rapport dédoublé avec l'univers des administrations françaises et turques qui implique le partage d'une sorte de secret collectif, des types de rapports de voisinage différents en France et au village, des relations de parenté complexes, en cours permanent de redéfinition par les mariages avec des conjoints des villages, et les relations d'échange et d'hospitalité en France. Le «jeu social» dans lequel chacun est engagé avec ses parents et ses compatriotes, mais dont les règles diffèrent en France et en Turquie, rend intelligible les formes spécifiques de sociabilité observées et les sentiments ambivalents qui les accompagnent.