Thèse soutenue

La pensée de la stratégie en Occident et en Chine

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Auteur / Autrice : Nicolas Manigand
Direction : Xiaozhen DuDaniel Parrochia
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 04/06/2012
Etablissement(s) : Lyon 3 en cotutelle avec Université de Pékin. Section Français
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Gérard Chazal
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Luzeaux
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean Sallantin

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L’apparition de l’arme nucléaire et son utilisation par les Américains en 1945 sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki ont été assez largement comprises en Occident comme marquant la fin des guerres chaudes directes et l’entrée du monde dans des guerres froides indirectes et totales. Dès les années 1950, le sentiment s’est fait jour au sein des milieux militaires occidentaux que l’âge nucléaire nous éloigne, au moins partiellement, des conceptions stratégiques élaborées dans le cadre de la tradition clausewitzienne. De même, les revers que connaissent les armées occidentales au cours des guerres de décolonisation ont pu amener les stratèges de l’époque à s’interroger sur le bien-fondé de leurs réflexions sur l’action. Mais, plus que tout, la récente guerre contre le terrorisme, où ces mêmes armées suréquipées sont tenues en échec par un adversaire irrégulier qui évite la confrontation directe et cherche à user l’ennemi, sans qu’on puisse espérer jamais en venir totalement à bout, semble mettre carrément en question les présupposés mêmes de la « science militaire ». Par contraste avec l’impasse où les élaborations conceptuelles des Machiavel, des Clausewitz et, plus récemment, des John von Neumann, auraient conduit l’Occident, la tradition chinoise de réflexion sur l’action est perçue, dans cette même partie du globe, comme plus adaptée aux nouvelles conditions du monde contemporain. Beaucoup sont persuadés que se trouvent chez le théoricien chinois du Ve siècle avant J.-C. Sun Zi un certain nombre de solutions pour triompher infailliblement dans toutes les situations conflictuelles du monde actuel. À travers l’examen des grands textes par lesquels traditions occidentale et chinoise de réflexion sur l’action se sont construites, l’étude s’emploie à rétablir un équilibre, et si possible une certaine objectivité dans la façon de concevoir et d’estimer celles-ci. Elle dénonce certaines illusions – dont l’illusion idéaliste – dont sont parfois victimes ceux que fascine la tradition chinoise, et souligne en particulier que les choses tangibles tels que les territoires, les machines de guerre, la puissance de feu, ne sont pas entièrement relativisées par rapport à la connaissance, à l’information ou aux aspects plus ou moins virtuels de la guerre. En mettant en évidence les dynamismes qui structurent chacune des deux cultures stratégiques, l’étude montre surtout que la volonté de hiérarchiser celles-ci est vaine.