Le four de Sévrier en Haute-Savoie à l’âge du Bronze : Reprise des données et nouvelles perspectives
Auteur / Autrice : | Jean Coulon |
Direction : | Armand Desbat |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Archéologie |
Date : | Soutenance le 24/10/2012 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Jury : | Président / Présidente : Stefan Wirth |
Examinateurs / Examinatrices : Stefan Wirth, Mireille David-Elbiali, Marie Besse, Joël Vital | |
Rapporteur / Rapporteuse : Mireille David-Elbiali |
Mots clés
Résumé
Découvert dans les années 1970 sur le site palafitte aujourd’hui immergé du Crêt de Châtillon (lac d’Annecy, Haute-Savoie, France), le four de Sévrier, daté de l’âge du Bronze, est considéré comme un des plus anciens fours de potier d’Europe occidentale. Il incarne l’arrivée d’une nouvelle technologie qui marquera la disparition progressive des modes de cuisson en fosse ou en meule en usage depuis l’invention de la poterie. En cette fin de l’âge du Bronze l’acmé de l’art céramique, représenté par les productions de poteries fines, pouvait donc être lié à l’utilisation d’un tel dispositif. Le caractère unique de cette construction en argile, de dimensions modestes et à parois étonnamment minces, réside dans sa conception modulaire et portable. La découverte publiée en 1975 (Bocquet et Couren 1975) recueille aussitôt un échoeuropéen et près de quarante ans après, elle reste pratiquement sans équivalent. L’utilisation de fours de potier à l’âge du Bronze, dans un contexte occidental, demeure pourtant une question ouverte et depuis les années 80, l’interprétation avancée pour le four de Sévrier alimente régulièrement ce débat. L’objectif de cette thèse de doctorat est de porter un nouveau regard sur cet objet de référence quelque peu voilé par sa célébrité et réexaminer les hypothèses fonctionnelles non encore étudiées. Après une présentation du contexte et de l’historique de la découverte, un premier volet aborde différents aspects de l’objet archéologique: sa morphologie, sa conception, sa restauration, son comportement lors d’expérimentations de cuissons de céramiques, ses traits singuliers qui le rapprochent ou le distinguent des fours de potiers plus tardifs ou des structures d’argile à parois fines diversement interprétées. Notre analyse du four de Sévrier comporte trois volets : a) l’inventaire du matériel découvert sur le Crêt de Châtillon et l’intégration éventuelle d’éléments non pris en compte dans la reconstruction, b) une analyse archéométrique (minéralogie des argiles) portant sur les tessons du four et sur des argiles des gisements situés à proximité du Crêt de Châtillon. Une analyse des changements de phases des argiles cuites en fonction de l’intensité de la température, c) l’évaluation de la température minimale et maximale subie par le four afin de confirmer ou exclure certaines utilisations. L’analyse fonctionnelle du four aborde, en premier lieu, l’hypothèse privilégiée, celle consacrée à la cuisson des poteries. Une méthode expérimentale comparative permet de préciser les avantages et inconvénients de différents procédés de cuisson de poteries noires et cherche à évaluer l’apport technologique supposé avoir été introduit par le four de Sévrier. D’autres alternatives sont abordées, en particulier la fonction culinaire. Cette interprétation est confortée par la découverte d’inédits indices d’usages observés lors de cette étude sur des matériels similaires de même époque et provenance. L’inventaire des structures comparables constitue un autre volet de cette recherche. Elle témoigne de l’usage courant des structures de cuisson en argile de faible épaisseur aux âges du Bronze et du Fer. Leur diffusion géographique s’étend des Balkans à l’Espagne et de la Grande Bretagne à la Grèce. Le recensement d’une famille large et multiforme de dispositifs portables en argile à vocation domestique nous permet de poser les bases d’une typologie et de proposer un scénario d’évolution et d’influences entre des régions parfois très éloignées.